mardi 23 octobre 2007

Commentaires sur l’actualité.

Plusieurs “morceaux d’actualité” méritent que l’on s’y attarde un peu.

1. Rivalité Montréal-régions.
Lundi dernier, le journal Le Soleil, repris sur Cyberpresse.ca, y allait d’une série d’articles sur la rivalité entre Montréal et le reste du Québec (en particulier la région de la Capitale nationale). Beaucoup y sont allés de leurs commentaires pas toujours réfléchis, certains donnant tous les torts à Montréal (en particulier aux habitants du Plateau Mont-Royal), alors que d’autres parlaient de la “Dictature des régions” (voir le blogue de Patrick Lagacé sur cyberpresse.ca). Le seul propos songé vient de Marie-France Bazzo dans un article de Valérie Gaudreau du journal Le Soleil (Rivalité Québec–Montréal : « Du folklore », selon Marie-France Bazzo) paru le 15 octobre dernier: «Taper sur un ennemi, c’est petit, on se déchire et, pendant ce temps, on n’avance pas. ».

Je suis tout à fait d’accord avec elle. Il existe une méconnaissance de l’autre région. Pour avoir vécu à Québec, à Montréal et, depuis 5 ans, en Gaspésie, on entend toutes sortes de légendes sur la vie en ville ou en campagne. Ces histoires ont toute une chose en commun: l’ignorance.

Pierre Bourque, ancien maire de Montréal, disait, à propos de cette rivalité, qu’il faudrait prendre les gens des régions par la main et leur faire faire le tour de Montréal pour ensuite prendre les gens de Montréal par la main et leur faire visiter les régions.

Pour ma part, je trouve que tout ce crêpage de chignon inter-régional fait “petit peuple”. Plutôt que de se chercher des poux (urbains ou ruraux), nous devrions tous travailler ensemble à développer notre belle patrie. Pour les gens des régions, Montréal est le moteur économique du Québec (comme disent les anglais: “It’s the economy stupid!”). Pour les gens de Montréal, les régions sont des artères importants qui apportent le combustible (ressources naturelles et humaines) nécessaire au bon fonctionnement du moteur. Elles ont donc besoin de conditions optimales pour se développer.

2. Agence québécoise des viaducs et des ponts.
La ministre des Transports du Québec annonçait vendredi dernier la création de l’Agence québécoise des viaducs et des ponts qui aurait comme principales responsabilités la construction, la gestion et l'entretien des structures.

Cette initiative permettra, en concentrant les responsabilités et pouvoirs dans un même organisme, de mieux coordonner les activités de gestion, de surveillances et d’entretien de ces importants ouvrages. Ces pouvoirs et responsabilités étaient morcelées entre différentes directions du ministère des Transports du Québec et les municipalités; ce qui faisait que personne n’était responsable. En concentrant les pouvoirs et responsabilités dans un même organisme et en lui donnant un mandat clair, nous avons plus de chance d’obtenir de bons résultats. C’est ce que l’on a fait avec l’Agence métropolitaine de transport (AMT) pour ce qui est de la coordination et de la planification des services de transports en communs dans la grande région de Montréal il y a plus de 10 ans. Le mandat était clair, augmenter la demande pour les services de transport en commun dans la région métropolitaine en coordonnant les services qu’offraient, et qu’offrent toujours, les 22 autorités organisatrices de transport de la région.

Vous me voyez venir? Qui est responsable du développement socio-économique de nos régions? Cette importante responsabilité est présentement morcelée entre une multitude d’acteurs disparates; municipalités, MRC, ministères provinciaux et fédéraux, CRÉ, Chambres de commerces, et autres organismes sectoriels. Aussi bien dire que personne n'est responsable. Il est temps de rassembler cette responsabilité dans un organisme et de lui donner un mandat clair et des ressources adéquates. Les Conférences régionales des élus (CRÉ), en y apportant quelques modifications et ajouts, pourraient très bien remplir ce rôle.

2. Salaires intéressants pour nos élus.
Dans le journal L’Écho de la Baie de dimanche dernier (21 octobre), on pouvait lire en page 2 l’article “Salaires intéressants pour nos élus”. L’article citait un article du journal Le Soleil rapportant que les salaires des mairesses de Sainte-Anne-des-Monts et de New Richmond seraient augmentés, passant de 12 000 $ à 18 600 $ par année pour le poste de maire de Sainte-Anne-des-Monts alors que celui du maire de New Richmond passera à 44 749 $ par an cette année.

J’entends déjà certaines personnes s’indigner de telles augmentations. Je leur répondrai que si elles veulent que leur municipalité joue un plus grand rôle dans le développement de leur communauté et qu’elle puisse défendre leurs intérêts, il faudrait peut-être penser accorder à leurs élus une rémunération appropriée pour attirer de bons candidats ou pour garder ceux qui sont déjà en fonction. Je considère que la rémunération que l’on verse à nos élus est tout simplement indécente et que nous ne méritons pas les heures que ceux-ci donnent (parce qu’il s’agit bien ici d’un don) à leur municipalité. Si vous n’êtes pas d’accord avec moi, ou que vous n’êtes pas satisfait du travail de vos élus, présentez vous aux prochaines élections (en novembre 2009, vous avez le temps de vous préparer). Vous me direz ensuite comment vous ferez pour vous gardez motivé avec environ 5 000 $ de revenu par an et une gagne de “chialeux” qui critiquent sans cesse vos moindres décisions.

dimanche 21 octobre 2007

Plus de budget pour la CRÉ.

Plus de budget pour les fonds gérés par la CRÉ; et plus de responsabilités en matière de développement économique. Présentement, les promoteurs de projets importants pour le développement de la région doivent attendre le bon vouloir des gouvernements supérieurs pour commencer à penser à soulever la première pelletée de terre; même lorsque la CRÉ décide de prioriser leur projet. Dépendance envers Québec (et aussi Ottawa, mais ça c’est une autre histoire ... de juridiction).

Deux exemples qui démontrent le peu d’impact que peut avoir la CRÉ sur le développement économique de la région avec son (petit) Fonds de développement régional de 1,35 M $. Seulement à New Richmond, deux projets ont nécessité des investissements de plus de 15 M $: le parc industriel (4,5 M $) et la Station touristique de Pin Rouge (10 M $). Ces sommes proviennent des gouvernements du Québec et d’Ottawa. La CRÉ, avec son petit budget, n’est même pas dans le coup.

D’ailleurs, ce n’est pas son mandat de faire du développement économique. Je le répète, la CRÉ est un organisme de concertation et de planification régionale et joue le rôle “d’interlocuteur privilégié” du gouvernement du Québec en matière de développement régional. Leur confier la gestion d’un fonds de développement régional si peu garni ne sert qu’à occuper les administrateurs pour ne pas qu’ils se sentent inutiles. Mais attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. La CRÉ n’est pas inutile. La concertation et la planification régionale sont essentielles au développement d’une région. Et le personnel de la CRÉ, de même que les administrateurs, font un travail remarquable. Le problème, c’est que l’organisme n’est pas outillé pour que ses travaux se traduisent en résultats concrets pour le développement de la région et qu’il puisse agir comme leader du développement économique régional. C’est d’ailleurs ce qui manque dans la plupart des régions; un leadership régional pour le développement économique.

vendredi 12 octobre 2007

Plus de responsabilités pour la CRÉ.

La CRÉ est un organisme de concertation et de planification régionale et joue le rôle “d’interlocuteur privilégié” du gouvernement du Québec en matière de développement régional. Mis à part le rôle “d’interlocuteur privilégié” en matière de développement régional, de concertation et de planification régionale, elle n’a pas de mandat pour “développer” la région qu’elle dessert. On ne peut pas considérer le 1,35 millions $ pour le Fonds de développement régional comme un outil de développement.

La CRÉ n’a aucun pouvoir d’action pour réaliser la planification stratégique qu’elle élabore. Cette planification stratégique ne sert donc pas à grand chose présentement car il n’y a personne pour mettre en application les objectifs choisis. Un exemple, dans la dernière planification stratégique, on avait déterminé comme objectif, dans le secteur des transports (encore les transports), l’augmentation du tonnage transbordé au port de Gaspé. Mais, la CRÉ n’a aucune autorité sur la gestion, l’administration ou le développement des activités du port de Gaspé et aucun moyen d’influencer les choix des administrateurs (s’il y en a) et le propriétaire des installations (le gouvernement fédéral).

Il faut donc à la CRÉ plus de responsabilités et de pouvoirs pour lui permettre de réaliser son plan de développement auquel elle travaille si fort. Mais quels pouvoirs, quelles responsabilités? Pour quels secteurs d’activité?

Certains secteurs d’activité ne posent pas de problème; les acteurs et décideurs y sont très actifs et sont très impliqués. De plus, des secteurs comme la culture n’ont pas besoin d’importantes infrastructures pour les soutenir. Ce qui manque, c’est surtout des fonds pour augmenter l’offre et soutenir les artistes et créateurs. Par contre, d’autres secteurs sont sous équipés, sous financés et la coordination est déficiente. Je parlerai ici, bien entendu, du secteur des transports (on peut aussi ajouter le secteur des communications ainsi que celui du développement économique). Pourquoi donner tant d’importance à ce secteur? Tout simplement parce que l’économie (et son développement) de notre région en dépend.

Le secteur des transports, c’est un peu comme la colonne vertébrale de notre région. Que ce soit pour développer le secteur du tourisme, attirer de nouvelles entreprises, permettre aux entreprises d’ici d’atteindre de nouveaux marchés, offrir plus de choix en produits et services aux résidents de notre région ou faire venir des artistes de l’extérieur, ou simplement recevoir de la visite (ou aller visiter les autres) nous avons besoins de moyens de transport dignes de notre époque. C’est justement parce que nous sommes dans une région éloignée que nous devons avoir des moyens de transport performants et variés (transport multimodale).

Comme je l’ai déjà écrit sur ce blogue, nous sommes, en Gaspésie, assez bien “équipé” en terme d’infrastructures de transport. Moyennant quelques investissements pour mettre à jour certaines installations, nous pouvons compter sur ces infrastructures pour appuyer le développement économique de notre région. Ce qui manque le plus pour ce secteur important de notre économie, c’est une vision de développement, et une meilleure cohésion, un meilleurs coordination dans la gestion et le développement de ce secteur. Par exemple, on ne devrait pas faire de plan de développement du transport ferroviaire sans considérer le transport routier et maritime comme complémentaire au transport par train. Développer un seul moyen de transport serait hautement contre-productif et pourrait même nuire à notre économie globale.

Alors, comment coordonner le développement et la gestion des services de transport dans notre région? C’est simple. Il suffit de créer un organisme qui aura le mandat de coordonner le développement et la gestion de l’offre de transport à l’échelle de la région. Un tel organisme, ou un agence, pourrait relever de la CRÉ. Il n’est pas nécessaire que cet organisme soit propriétaire des installations et infrastructures. Il peut y avoir des ententes de gestion entre les propriétaires et l’agence.

Avec une telle agence responsable du secteur des transports en Gaspésie, la CRÉ pourrait alors se doter d’un magnifique plan de transport et LE RÉALISER. Ce serait une première. On pourra par la suite prendre exemple sur cette expérience et faire la même chose pour d’autre secteur. (Celui du développement économique et de l’aménagement du territoire - ils sont liés - en aurait bien besoins.)

mardi 9 octobre 2007

Plus d’argent pour la CRÉ.

Dans le journal L’Écho de la Baie de cette fin de semaine (édition du dimanche 7 octobre 2007), on apprenait que l’enveloppe budgétaire de la CRÉ de la région Gaspésie-Les-Îles augmenterait de 63,8 % pour s’établir à 3,9 M$. Bravo. On peut penser que c’est beaucoup, mais en réalité, c’est très peu.

La CRÉ est un organisme de concertation et de planification régionale et joue le rôle “d’interlocuteur privilégié” du gouvernement du Québec en matière de développement régional. Elle est composée en majorité d’élus municipaux de la région auxquels se joignent des représentants de la société civile.

En plus de la concertation et de la planification du développement, la CRÉ gère trois fonds: le Fonds de développement régional, le Programme de mise en valeur des ressources du milieu forestier (aussi appelé Volet II), ainsi que deux fonds qui sont dédiés à la culture: le Fonds des arts et des lettres pour la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine et le Fonds de soutien au développement culturel. Il ne faut pas oublier aussi les frais de fonctionnement; quelques professionnels dévoués abattent beaucoup de travail.

Donc, 3,9 M$ pour toutes ces responsabilités, c’est très peu. Dans la même édition du journal, on annonçait en première page l’octroi d’une somme de 3,4 M$ par le gouvernement fédéral pour la station touristique de Pin Rouge à New Richmond. Cette somme venait s’ajouter aux quelques millions déjà versés par le Gouvernement du Québec, ceci sans compter la contribution de la Ville de New Richmond.

Les actions de la CRÉ ont-elles un impact sur le développement de la région? Peut-être beaucoup d’impact localement, mais au niveau de la région, pas vraiment. Avec un budget de 1,35 M$ par année pour le Fonds de développement régional pour une cinquantaine de projets, c’est difficile d’avoir une impact régional; surtout lorsque l’on connaît les besoins de financement de projets comme Pin Rouge qui ne peuvent que compter sur l’aide des gouvernements supérieurs (Québec et Ottawa) pour voir le jour.

Devrait-on augmenter le budget de la CRÉ? Bonne question. Je pense qu’avant de penser à augmenter le budget de la CRÉ, il faudrait se demander si l’on veut qu’elle joue un plus grand rôle dans le développement de la région, qu’elle ait plus de responsabilités. Si la réponse à cette dernière question est oui, alors la réponse à la première doit aussi être oui.

Prochain billet: plus de responsabilités et plus de budget pour la CRÉ.