mercredi 11 juin 2008

Beaucoup de bruit pour rien.

Je suis un peu en observateur les délibérations du groupe, dont je fais parti, “Libéré les Québecs”. Et, face aux nombreux courriels que je reçois, je ne peux m’empêcher de penser au titre d’une pièce de Shakespeare: “Beaucoup de bruit pour rien” (en anglais: “Much ado about nothing”). Je n’ai rien contre les brassages d’idées au contraire; en tant qu’intellectuel, j’en brasse aussi ma bonne part. Là où je me questionne, c’est au sujet de la stratégie. Je rappelle ici aux lecteurs que je suis un ardent défenseur de la décentralisation. Vivant en Gaspésie, je vois tous les jours le potentiel de développement que nous avons et le peu de moyens décisionnels mis à notre disposition. Pour vous convaincre de ma foi envers la décentralisation, vous n’avez qu’à lire (ou relire) les billets précédents que j’ai écrit sur ce blogue.

Je rappelle aussi que je suis politologue et que le sujet de mon mémoire de maîtrise portait, entre autre, sur le processus décisionnel des gouvernements (analyse des politiques publiques).

En parcourant la liste des membres de la coalition, que l’on peut consulter sur le site (www.libererlesquebecs.com), j’ai constaté qu’il n’y avait aucun membre du présent gouvernement; aucun député d’aucun parti. La coalition réclame une loi cadre pour la décentralisation territoriale. Ce qui est tout à fait logique. Seule une loi adoptée par l’Assemblée nationale du Québec, donc par les députés, peut transférer des pouvoirs décisionnels vers les régions. C’est de cela qu’il s’agit lorsque l’on parle de décentralisation; c’est un transfert de pouvoirs décisionnels du gouvernement central vers des instances régionales. Donc, seuls les députés, membres de l’Assemblée nationale du Québec, sont habilités, ont le pouvoir, on la légitimité d’adopter des lois, comme la loi cadre proposée par la coalition.

Alors, comment expliquer qu’il n’y ait aucun député, ou même ministre, qui soit membre de la coalition. Ce sont eux nos représentants auprès du gouvernement. Ils ont pour première tâche de défendre nos intérêts et d'apporter les changements que nous voulons, que nous demandons. Ce sont nos alliés, et non nos adversaires. Le gouvernement, c’est nous tous. À ceux qui font la promotion du livre «Au pouvoir citoyens» et prétendent vouloir instaurer une “véritable démocratie” au Québec, je leur dit: la véritable démocratie existe déjà. Elle n’est pas parfaite, mais elle fonctionne. C’est à nous d’y participer pleinement plutôt que de continuellement en dénoncer les défauts ou de nous contenter de pratiquer la politique de la chaise vide. Je citerai Platon qui disait: «Le mérite de ceux qui ne s’occupent pas de la chose publique est d’être gouvernés par des gens pires qu’eux-mêmes». Et à ceux, adeptes des théories du complot, qui prétendent que nos gouvernements (ou les partis politiques) sont contrôlés par des intérêts privés, je vous dit ... voilà! C’est vous qui leur laissez toute la place. Occupez-vous de vos affaires et faites vous entendre en prenant votre place. C’est ça la véritable participation citoyenne. Nous, citoyens, avons le pouvoir de changer les choses. Et les députés aussi sont des citoyens, d’abord et avant tout.

lundi 3 mars 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (suite et fin).

Voici le sixième et dernier volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit de la conclusion du travail. Bonne lecture.

«Conclusion
«Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-mme et reste aussi libre qu’auparavant». C’est ainsi que Jean-Jacques Rousseau présentait son contrat social. On peut se demander si ce n’est pas cette fin que recherchaient les premières sociétés civiles, les première cités. Les institutions locales sont antérieures à la constitution des États. Leur importance vient du fait qu’elles sont en prise directe avec les sociétés locales et qu’elles combinent à la fois passé historique, mutation ou évolution sociale.

Les valeurs défendues par ses autorités locales, sont la liberté, la participation et l’efficacité. La liberté s’exprime surtout contre l’autorité centrale et les abus qu’elle peut faire de son pouvoir. Elle provient de la division territoriale des pouvoirs propre à un système de gouvernement local. La deuxième valeur défendue par les autorités locales est la participation populaire aux affaires locales. Cette participation est favorisée par la proximité qu’il y a entre les décideurs et les citoyens. C’est ce qui caractérise les institutions locales. La troisième valeur qui est défendue par les autorités locales est l’efficacité. Cette efficacité provient du fait qu’une organisation à l’échelle locale est plus appropriée pour la prestation de services publics puisqu’elle est plus sensible aux besoins de la localité.

De part leur emprise et leur proximité sur les communautés, le rôle des autorités locales est beaucoup plus apparent que celui des lointains gouvernements centraux. La proximité de celle-ci permet aux citoyens une participation plus directe dans les choix collectifs que fera sa communauté. Les communautés locales ont précédé les États et, bien souvent, leur ont survécu. Pour assurer sa pérennité, un État doit composer avec les communautés locales en leur laissant leur autonomie et leur liberté. Il faut un certain équilibre entre les pouvoirs du centre et ceux de la périphérie. C’est ce que n’a pas su faire Rome, et bien d’autres gouvernements par la suite.

Plusieurs facteurs ont contribué à préserver les cités locales tout au long de l’Empire romain. Parmi ceux-ci, sans doute le plus important, c’est la capacité d’adaptation aux nouvelles exigences des États qui a permis aux cités de conserver une certaine autonomie qui leur garantissait ce sentiment de liberté sans lequel elles se videraient de leurs habitants.

Quelle est l’utilité des cités? Rappelons qu’à l’époque de la renaissance, l’organisation de la ville reposait sur trois principes : la nécessité, la commodité et ... la beauté.»

samedi 1 mars 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (suite).

Voici le cinquième volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit du deuxième extrait de la deuxième partie du travail qui traite du statut des villes dans l’Empire Romain. Bonne lecture.


«L’Empire avait une économie sous-développée et fonctionnait de façon centralisée. Le niveau de vie de la population en général se situait près du seuil de subsistance. Une forte proportion de la main-d'œuvre était employée dans l’agriculture. La production en était une de subsistance. On ne pensait pas à accumuler des surplus pour l’exportation. Les échanges entre les divers entités et les guerres de conquêtes qui apportaient leur part de richesses avaient permis à l’Empire de se maintenir. Mais lorsque confronté à des guerre d’usure ainsi qu’à certains blocus, comme celui du couloir du Danube, le gouvernement devait chercher d’autres sources de financement. Et ce financement devait être important pour maintenir l’armée en fonction.

Les prélèvements faits pour subvenir aux besoins des armées sont venus déstabiliser le marché privé. Les réserves étant quasi inexistantes, on vit apparaître des signes de pénuries. L’Empire fonctionnait comme une vaste structure urbaine. Des réseaux acheminaient les ressources des campagnes vers les villes. Ces campagnes, qui n’étaient pas cultivées à leur pleine capacité, ne parvenaient pas à fournir les demandes de Rome et des autres villes. Les pénuries et le fonctionnement centralisé de l’Empire ont entraîné un grand nombre de paysans sur les routes. Ceux-ci sont venus s’installer dans les villes, déjà fortement endettées, ce qui entraîna une forte augmentation de leur charge d’assistance. L’État devait donc intervenir pour rétablir le financement des cités en envoyant des contrôleurs.

Il est difficile de trouver la véritable cause de cette récession qui frappait l’Empire. Certains se demandent si ce n’est pas les dépenses somptueuses de l’Empereur Trajan (98 à 117) qui ont entraîné une inflation monétaire. D’autres avancent que cette récession serait la conséquence des habitudes de consommation des romains; habitudes toujours croissantes alors que le système de production ne suffit plus à la demande. Une autre raison avancée pour expliquer la crise économique serait la grande peste venue d’Orient que l’Empereur Lucius Verus, qui succéda à Marc Aurèle, aurait ramené.

La décadence des cités est une autre raison que l’on a avancé pour expliquer la crise économique que subissait l’Empire. Mais comment expliquer cette décadence? François Jacques avance deux raisons. En premier lieu, il parle de la "conjuration des centralisateurs". Ceux-ci auraient cherché à réduire grandement l’autonomie des villes. Mais les élites locales auraient aussi leur part de responsabilité. Voyant leurs charges augmenter en raison des difficultés de l’Empire, celles-ci auraient abandonner leurs fonctions, refusant toutes nouvelles tâches provenant de Rome.

Les provinces ainsi que les villes se sont beaucoup développées au sein de l’Empire, si bien qu’elles n’eurent plus besoin de Rome. Plutôt que de se "fédéraliser" en associant le pouvoir central aux intérêts locaux pour conserver l’intégrité de l’Empire, Rome riposta par une plus grande centralisation. Ne voulant plus subir les pressions de Rome, les instances locales se révoltèrent. Cette révolte fut étouffée au cours du III siècle, mais éclata de nouveau au IV siècle pour mettre fin à l’Empire.»

mardi 12 février 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (suite).

Voici le quatrième volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit du premier extrait de la deuxième partie du travail qui traite du statut des villes dans l’Empire Romain. Bonne lecture.


Partie II. De la crise

Parmi les explications qui ont été apportées concernant la crise de l’Empire Romain, R. Rémondon propose celle du "dépérissement des cités”. Rémondon avançait que «Rome avait réagi à la guerre imposée par l’ennemi extérieur par un renforcement ruineux et épuisant de l’autorité étatique”. L’émergence de la cité comme sujet d’étude introduit une nouvelle dimension de l’histoire de l’Empire. Celui-ci n’aurait pas pu tenir longtemps s’il n’avait pas eu l’appui des structures locales. Rappelons que des cités libres et souveraines qui existaient avant l’Empire ont signé des traités avec celui-ci et que, pour certaines, non seulement elles lui ont survécu mais elles existent encore aujourd’hui. Le Roux ne parle pas de permanence pour expliquer la "longévité" de ces cités, mais de leur capacité d’adaptation, de mutation. De cette capacité d’adaptation, certains l’interprètent comme une faiblesse des autorités locales vis-à-vis du pouvoir central, alors que d’autres y voient une forme de liberté qui leur permet d’obtenir des privilèges et de les préserver.

«La crise est analysée comme la conséquence d’invasions qui ont surpris l’Empire déjà épuisé par les exigences d’un pouvoir de plus en plus pesant et bureaucratique». «Soucieux de sa tranquillité et préoccupé par ses armes, l’Empire se comportait de plus en plus avec mépris envers les villes et leur population». Cette attitude contrastait beaucoup avec celle de l’époque d’apogée sous Antonin Le Pieux (138-161), où les élites cultivées des villes italiennes et provinciales étaient protégées. Le pouvoir central, héritier d’Auguste, jugeait qu’il était de son devoir de donner vie aux cités locales qu’il considérait comme indispensables à l’unité et à la conservation de l’Empire romain. Mais la continuité de l’Empire mettait en jeu le pouvoir impérial et les cités qui tenaient à préserver leur autonomie.

Pierre Grimal rapporte que c’est à l’époque de Marc Aurèle que l’on vit apparaître les premiers signes des problèmes économiques qui mèneraient à la déchéance de l’Empire. Il était revenu d’une longue guerre avec les Daces sans rapporter d’or. Il accusait plutôt un déficit. Ce fut, selon Grimal, le début d’une longue crise économique. Cette crise serait le prélude à de profonds changements dans les structures de l’Empire qui était, à cette poque, fortement endetté. La guerre ininterrompue depuis plus de 15 ans avait ruiné l’Empire. Et il fallait en plus voir au maintient de l’ordre et à la sécurité du territoire.

dimanche 10 février 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (suite).

Voici le troisième volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit du deuxième extrait de la première partie du travail qui traite du statut des villes dans l’Empire Romain. Bonne lecture.

Partie I. Du statut des villes (suite)

Pouvoirs et autonomie
Dans son livre traitant de l’autonomie municipale des cités romaines, François Jacques rapporte que la bibliographie fait part de la crise de la vie municipale tout au long de l’Empire comme étant un fait admis et reconnu par tous les experts. Par contre, il note qu’il y a eu très peu d’études consacres à la "décadence" des cités. Pourtant, à chaque fois qu’il est question des cités romaines ou de la vie municipale, l’idée de décadence du système municipal semble s’imposer. François Jacques parle ici d’un jugement de valeur voulant que la ruine des institutions locales serait due à l’évolution de l’Empire et aux progrès de la centralisation. L’analyse des nombreux ouvrages sur l’Empire romain ne parvient pas à vérifier cette théorie de la décadence des cités romaines. Au contraire, note François Jacques, il existe des preuves de leur vitalité matérielle. Ce qui pourrait porter à confusion, c’est l’évolution des municipale tout au long de l’Empire. On note que les droits municipaux ont perdu de leur originalité, que les constitutions locales et les traités ont perdu de leur spécificités. Pourtant, les cités occidentales ont continué de demander à être reconnues par Rome comme municipe.

Pour François Jacques, la cité doit être considérée comme faisant partie intégrante de l’Empire romain. Elle est un élément constitutif de l’ensemble qui reconnaît à la cité une dépendance préexistante. Il faut considérer l’Empire et les cités comme deux réalités interdépendantes et solidaires. Les relations entre l’État et les villes ne devrait pas être vues comme des conflits.

L’autonomie, selon Jacques, n’est pas une réalité en soi, elle est relative. Elle se définit d’abord et avant tout comme la capacité d’autogérer les affaires locales et non pas par rapport au pouvoir central. Elle n’est que la possibilité de gérer les affaires qui peuvent être gérées par la cité elle-même sans le recours du pouvoir central. Elle est donc limitée par la propre capacité des villes et non par la volonté de Rome. Les seules restrictions que peut poser Rome quant à l’autonomie de cités concernent des actions qui pourraient mettre en jeu les intérêts de l’Empire.

L’autonomie des cités romaines se définit donc par leur capacité à s’autogérer. Cette autogestion nécessite une administration locale qui ne relève pas du pouvoir central. Il n’y a pas de forme constitutionnelle précise. Cet état favorise une vie sociale cohérente, avec ses tensions et ses équilibres propres.

Comme nous l’avons mentionné plus haut, les principaux objectifs de l’administration centrale étaient la perception des impôts et le maintient de l’ordre public. S’ajoutait à ceux-ci le recrutement des soldats. Les seules tâches demandées par Rome aux cités étaient de garder des animaux en réserve pour les transports et d’offrir l’hébergement aux fonctionnaires de passage. On demandait aussi de fournir le logis ainsi que du matériel aux soldats. Les autres tâches relevant des administrations locales étaient celles habituellement remplies par une administration publique municipale : entretien des aqueducs, réparation des bâtiments publics, provision de combustible pour les thermes, maintien de l’ordre public (dans les provinces où il n’y avait pas d’armées), organisation des fêtes religieuses et des jeux ainsi que les fournitures aux ambassades et aux représentations légales.

L’institution locale qui permet de remplir ces tâches se nomme la liturgie. C’est un système où les services essentiels sont pris en charge par les membres les plus riches de la communauté. Ceux-ci versent des contributions en numéraire ou en services personnels. Ce sont les riches qui payaient de leur personne pour assurer les magistratures le leur cité. La prise en charge des dépenses publiques par des particuliers avaient des implications économiques, politiques et sociales. Vu la faiblesse des finances de la cités, cette prise en charge était nécessaire. Mais cela faisait l’affaire des donateurs car cette pratique justifiait leur position dominante dans la société et la politique locales.

dimanche 3 février 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (2).

Voici un deuxième volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit d’un extrait de la première partie du travail qui traite du statut des villes dans l’Empire Romain. Bonne lecture.

Partie I. Du statut des villes

Le territoire de l’Empire s’étendait bien au-delà de l’Italie. Les régions en dehors de l’Italie étaient appelées des provinces. Chacune de ces entités était gouvernée par un magistrat romain. La principale caractéristique des provinces était que celles-ci étaient la propriété de Rome. Elles étaient soumises à l’impôt foncier. On retrouvait, à l’intérieur de ces provinces ainsi qu’en Italie, des instances locales : les villes. Le statut et la reconnaissance de celles-ci par Rome étaient importants pour assurer la pérennité de l’Empire.


Reconnaissance
Lors de ses premières conquêtes, au début de l’Empire, Rome procédait à la destruction des villes conquises et au rapatriement de ses habitants et de ses richesses. Ne pouvant appliquer cette méthode aux villes plus éloignées, Rome offrit donc, aux villes environnantes qui avaient été vaincues ou qui étaient fortement intimidées, sont protectorat. Ces villes devaient en échange consentir à des conditions qui pouvaient être désavantageuses pour elles. L’importance des villes fut reconnue par Rome qui, en 493 avant notre ère, modifia ses rapports en traitant avec elles sur un pied d’égalité. Un nouveau système fut insaturé en 338 avant notre ère. Des traités sont alors signés entre Rome et les villes de l’Empire. Les traités sont signés séparément et sont spécifiques à chaque ville. Pour préserver sa souveraineté, Rome pose comme condition que les villes n’ont pas le droit de se fédérer entre elles. Le droit de cité était, pour les villes conquises, une sorte de promotion qui leur permettait de s’auto-administrer. En octroyant ce statut aux villes, Rome leur reconnaissait un certain niveau de civilisation.

Rome était un gouvernement sans bureaucratie. Doté d’une fonction publique quasi inexistante, le gouvernement romain ne se préoccupait que de l’essentiel. Il n’avait que deux objectifs principaux : le maintien de l’ordre public et la perception des impôts. Ces objectifs ne nécessitaient pas le recours au dirigisme, laissant une grande autonomie aux instances locales. La politique fiscale de l’Empire n’était pas très développée. Elle reflétait cependant les fonctions limites du système fiscal. Ce système n’était pas uniformisé, permettant aux autorités locales de négocier avec Rome les procédures qui leur seraient moins contraignantes. Il arrivait mme parfois que Rome décidait de conserver les pratiques de ses prédécesseurs. Le secret de ce gouvernement romain sans bureaucratie était un système de cités qui s’administraient elles-mêmes et pourvoyaient aux besoins de l’Empire.

L’absence de système fiscal uniformisé pour les nombreuses cités que comptait l’Empire reflétait la diversité des instances locales, en particulier les cités romaines. Héritage de la République, ces cités avaient des privilèges et des statuts différents selon leur degré d’autonomie vis-à-vis de Rome. En Occident, on retrouvait en majorité des colonies et des municipes. Les colonies étaient considères comme des extensions de Rome. Communautés de citoyens romains, elles étaient gérées par une constitution calquée sur celle de Rome. Les colonies servaient surtout à l’établissement des soldats démobilisés. Les municipes avaient une plus grande autonomie que les colonies, ayant leurs propres lois et magistrats.

Les "municipes" sont des villes qui ont été annexées par Rome. Elles sont dotées de droit de cité et ont conservé une certaine partie de leur autonomie locale. Leurs institutions sont calquées en majeure partie sur celles de Rome. Par contre, elles sont exemptes de suffrage. Les "municipes" étaient, en majorité, des communes qui fonctionnaient sur le modèle de Rome avec, notamment, leurs propres magistrats et leur conseil municipal. Jusqu’en 91 avant notre ère, les "municipes" sont des communes dépendantes de Rome. Les habitants de ces villes vivent sous le régime du droit romain. Ils ont un statut de citoyens romains mais qui est incomplet. Ils participent aux charges de l’État mais ne sont pas reconnus comme lecteurs et n’ont pas accès aux postes de la magistrature romaine. Les coutumes locales qui sont jugées compatibles avec les principes de la jurisprudence romaine sont conservées. On retrouve un autre type de cité, les préfectures. Ces cités sont soumises à la juridiction d’un "préteur urbain".

Les autres cités des provinces occidentales étaient des communautés autonomes qui vivaient sous leur propre droit. Elles étaient donc étrangères au droit romain. On les nommait cités pérégrines, qui veut dire étranger. Leurs constitutions et leurs statuts étaient aussi diverses que les cités elles-mêmes. Certaines de ces cités avaient un statut privilégié. On retrouvait les cités fédérées qui avaient acquis ce statut par la signature d’un traité qui déterminait de façon précise leurs droits. Celles-ci avaient choisi de se rallier à l’Empire romain, ce qui leur permettait de conserver une plus grande autonomie ainsi qu’une certaine indépendance. On retrouvait aussi les cités libres. Celles-ci jouissaient d’une plus grande indépendance envers Rome car elles échappaient à l’autorité du gouverneur de la province. Certaines cités libres avaient un privilège supplémentaire, celui d’être exemptes d’impôts. Mais elles demeuraient une exception.

Rome avait utilisé ce procédé, la fédération, afin de briser les liens qui rassemblaient les peuples italiotes. Elle modifiait peu à peu le statut de ces instances locales en leur octroyant le droit de cité complet. Suite à ces changements, la signification du statut de "municipes" fut modifie, désignant désormais une commune autonome faisant ainsi de leurs habitants des citoyens romains à part entière.

Une certaine autonomie locale a été accorde à ces cités, dès le début. Par cette reconnaissance, Rome voulait non seulement s’assurer de leur fidélité envers l’Empire, mais aussi libérer celui-ci de tracasseries bureaucratiques locales. En effet, comme il a été mentionné plus haut, les romains n’ont pas montré beaucoup d’intérêts à s’occuper des affaires administratives locales, préférant laisser ces tâches aux autorités locales.

vendredi 1 février 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance.

En 1999, pendant mes études à la maîtrise en sciences politiques, j’ai voulu prendre un cours qui n’avait aucun rapport avec mon sujet de recherche (la gouvernance métropolitaine); histoire de décrocher. Le cours que j’ai choisi s’intitulait Idées politiques. Le sujet à l’étude: Marc Aurèle, empereur romain de 161 à 180 de notre ère. Or, pendant son règne, il renforça la centralisation administrative. Centralisation, pouvoir local, décidément, je ne pouvais pas m’éloigner de mon sujet de maîtrise. Et bien soit, mon travail porterait sur le pouvoir local dans l’Empire Romain. C’est donc ce que je vous offre pour les prochains billets: le travail de session pour le cours Idées politiques. Aujourd’hui, l’introduction.

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance.

«En 176-177 de notre ère, Marc Aurèle voyait l’avenir de l’Empire comme celui d’un État de droit; d'un État démocratique fondé sur l’égalité des droits. L’avenir ne devait pas lui donner raison. L’administration et un certain centralisme politique allaient, en partie, contribuer au début du déclin de l’Empire Romain.

Plusieurs raisons ont été invoquées pour expliquer le déclin de l’Empire Romain. À la fin du deuxième siècle, l’Empire cesse de s’étendre, les conquêtes sont choses du passé. Il doit donc vivre de ses richesses, qui ne sont pas assez suffisantes pour satisfaire les nombreux besoins de ses nombreux sujets. De nombreuses réorganisations ont été nécessaires pour maintenir le territoire de l’Empire. Des mesures impopulaires ont entraîné, dans certaines régions, une révolte des populations et des élites locales qui lui étaient autrefois très loyales. Ces élites locales, qui jouissaient d’une grande autonomie dans la gestion de leurs affaires, ont vu leurs pouvoirs diminuer au profit d’une centralisation vers Rome.

L’ère des conquêtes est terminée, il faut conserver les territoires acquis, dont les prétendants se font de plus en plus nombreux. Force est de constater qu’il est plus coûteux pour Rome de préserver ses acquis territoriaux que d’en conquérir de nouveaux. Les conquêtes rapportaient leur part de butin qui venait s’ajouter aux richesses de l’Empire.

Comme aujourd’hui, le pouvoir local ne peut être négligé par l’État central. Tout le long de l’Empire Romain, Rome a du composer avec le pouvoir local pour assurer sa pérennité. À l’époque de la République, Rome avait prudemment choisi de ménager les élites locales pour s’assurer l’allégeance des nouvelles provinces et des nouvelles cités conquises. Il les chargeait de pouvoirs modestes, tout en se gardant le droit de les révoquer lorsque celles-ci ne respectaient pas les règles préétablies par Rome. N’étant pas portés par les détails de l’administration locale, les romains en confirent la responsabilité aux autorités locales, ce qui s’apparente aujourd’hui à ce que l’on connaît comme la décentralisation.

L’évolution des institutions municipales dans l’Empire Romain serait liée à celle de l’Empire lui-même. Ce travail vise à examiner les relations qu’entretenait Rome avec ses institutions municipales, plus particulièrement au moment où l’Empire commença à accuser les premiers symptômes d’une crise économique en devenir. La première partie, plus descriptive, permettra de définir les principales instances locales que sont les provinces et les municipalités en portant une attention particulière à l’importance de ces dernières pour l’Empire. La deuxième partie portera sur la crise économique que vécu l’Empire vers la fin du deuxième sicle de notre ère et les changements qu’elle entraîna quant au statut des municipalités et de leurs relations avec Rome.»

jeudi 31 janvier 2008

Bonne Année 2008!

Qu’est-ce que l’on souhaite pour la nouvelle année?

Plus de pouvoirs aux régions (la décentralisation) et une meilleure coordination de leurs actions en matière de développement.

MRC Matapédia et Matane: Bas-Laurentiennes ou gaspésiennes? le débat est relancé. Le député de Matane à l’Assemblée nationale, Pascal Bérubé, a reparti le débat cette semaine. Je suis entièrement d’accord. Je l’ai déjà écrit sur ce blogue, la Gaspésie, c’est de Sainte-Flavie à Sainte-Flavie. Il faut réparer cette erreur commise dans les années 1980.

Pour le prochain billet, on remonte le temps; il sera question du pouvoir local ... dans l’Empire Romain.

Meilleures salutations.