vendredi 29 octobre 2010

Haïti: une économie à bâtir.

Le gros problème en Haïti, c'est qu'il n'y a pas d'économie, pas d'activité économique. Le taux de chômage dépasse les 32 %, 78 % de la population vie en situation de pauvreté et le salaire annuel moyen est de 250 $US. On ne peut pas faire de folles dépenses avec seulement 250 $US par année. Comment peut-ont bâtir une économie s'il n'y a pas de marché, pas de consommateurs. On pourra créer les entreprises que l'on voudra, mais elles ne pourront pas survivre s'il n'y a pas personne pour acheter les biens et services qui sont produits. Alors, quelle est la solution?

Pour bâtir une économie, il faut y injecter de l'argent. Et la meilleure façon d'injecter de l'argent, de façon durable, dans l'économie, c'est en créant des emplois, en versant des salaires; salaires qui seront réinvestis dans cette même économie. Il faut d'abord miser sur le capital humain. Et à qui revient le rôle de créer ces emplois? D'abord au gouvernement. En créant des emplois, en versant des salaires pour ses employés, le gouvernement se trouve à injecter de l'argent dans l'économie. De cet argent, de ces salaires, le gouvernement en prélèvera une partie sous forme d'impôt sur le revenu, s'assurant ainsi des revenus qu'il pourra réinvestir dans l'économie.

Les employés de l'État, grâce à leur nouveau pouvoir d'achat (leur salaires) pourront se procurer des biens et services. Des entreprises pourront voir le jour pour offrir à ces nouveaux consommateurs ces mêmes biens et services. La création ou l'expansion d'entreprises passera forcément par la création de nouveaux emplois, le versement de nouveaux salaires, dont une partie trouvera le chemin des coffres de l'État sous forme d'impôt. Le gouvernement pourra aussi prévoir une taxe sur les biens et services vendus pour garnir ses coffres. Et ces revenus provenant des taxes pourront aussi être réinvestis dans l'économie.

Vous trouvez que c'est simpliste comme solution? Vous avez raison. Mais ça fonctionne. La présence d'un important secteur public assure une base solide et durable à une économie de marché. Regardez les pays développés qui fonctionnent avec une économie de marché, leurs gouvernements sont souvent les plus importants employeurs et les plus gros donneurs d'ouvrages.

Prenons l'exemple du Québec. Tel que mentionné dans un précédent billet, selon l'Institut de la statistique du Québec, on compterait plus de 500 000 employés de l'État (fonction publique, sociétés d'États, secteurs de l'éducation, de la Santé et des services sociaux). Et c'est sans comptés ceux appartenant à la fonction publique fédérale. Ces employés de l'État reçoivent tous un salaire et peuvent ainsi s'acheter des biens et des services de toutes sortes. Combien d'entreprises sont nécessaires pour répondre aux besoins en biens et services de ces employés de l'État. Et combien d'emplois ces mêmes entreprises ont créées pour répondre à cette demande? Combien d'entrepreneurs en construction, combien d'agent d'immeubles, d'agent d'assurances, combien d'épiceries, combien de dépanneurs vivent en raison de la présence de ces nombreux salariés de l'État? Et c'est sans compter les entreprises qui ne vivent que des contrats en biens et services octroyés pas l'État. Toutes ces entreprises qui ont comme unique client une société d'État, un ministère, ou un organisme public; combien d'emplois cela représente-t-il?

mardi 19 octobre 2010

Haïti, bon temps pour une révolution tranquille.

Dans une lettre parue sur Cyberpresse le 7 octobre dernier, Jocelyn Coulon rapporte que le représentant de l'ONU à Haïti, Edmund Mulet, a lancé un cri d'alarme en disant que le pays était devenu une république aux mains des ONG et que les choses stagnaient. Monsieur Mulet disait qu'il fallait tout revoir dans ce pays. Et il n'a pas tord. Depuis le départ précipité de l'héritier Duvalier, et peut-être même avant, les Haïtiens ont laissé à d'autres la responsabilité des affaires publiques. Que ce soient les hôpitaux ou les écoles, ce n'est pas le gouvernement haïtien qui s'en occupe. Même chose pour les services publics comme l'eau, l'électricité et les routes. Les haïtiens ne sont pas «maîtres chez eux».

Les ONG ont beaucoup de bonnes intentions. Mais pour le niveau d'aide nécessaire pour reconstruire le pays, elles ne sont pas du tout efficace. Et elles ne l'étaient pas plus avant le tremblement de terre. Je me souviens d'avoir lu un article il y a plus d'un an sur un programme d'aide qui avait permis à une petite communauté d'avoir de l'électricité environ 6 heures par jour. On avait même installé des lampadaires pour éclairer les rues. Ce programme avait pris plusieurs mois à se réaliser. Et on espérait pouvoir répéter l'exploit dans d'autres communautés au cours des prochaines années. Comment voulez-vous bâtir un pays à ce rythme là.

Haïti se trouve dans une situation de développement similaire (ou pire) à celle que le Québec vivait il y a 50 ans, avant la révolution tranquille. Du moins le Québec francophone. En Haïti, à peine 30 % des Haïtiens ont terminé l'école primaire. Vous trouvez ces chiffres effarants? Nous étions pas plus avancé au Québec il y a 50 ans. En 1964, année de la création du ministère de l'éducation, 7 adultes francophones sur 10 n'avaient pas terminé l'école primaire. Le gouvernement haïtien compte pourtant un ministère de l'éducation; mais il n'est pas, pour l'instant, fonctionnel. Pour les hôpitaux et et le secteur de la santé, c'est la même chose. Tout est désorganisé dans le pays. Il faut donc réorganiser la gouvernance. Et ce n'est pas les ONG qui vont pouvoir le faire. Seul le gouvernement haïtien peut et doit le faire. Il a juste besoin d'un peu de volonté et de beaucoup d'aide.

Je l'ai déjà écrit sur ce blogue, c'en est d'ailleurs la prémisse de départ, le développement d'une région, ou d'un pays, est d'abord et avant tout une question de gouvernance, une question politique. La gouvernance, c'est l'organisation de la prise de décision sur les affaires publiques; comme l'éducation, le logement, les transports etc..

Pour Haïti, il y a déjà du bon travail de fait. Le pays s'est doté, il y a plusieurs années, d'une constitution qui traite de tous ces sujets importants. Il faut seulement pouvoir l'appliquer.

Et ce n'est pas impossible.

lundi 4 octobre 2010

Gouvernement régional: point de vue économique.

Certaines régions du Québec sont un peu à l'image du Québec d'avant 1960. Elles n'ont pas les pouvoirs nécessaires pour s'occuper de leurs affaires et ont des taux de chômage plus élevés que la moyenne. Souvent, elles doivent encore attendre après une décision qui vient d'ailleurs. La mise en place d'un gouvernement régional leur permettrait de s'approprier le fameux «maîtres chez nous» qui a propulsé le Québec dans la modernité en enclenchant sa «révolution tranquille».

Dans les années 1960, le gouvernement du Québec s'est donné les outils institutionnels nécessaires à son développement socio-économique. On a qu'à penser à la nationalisation de l'électricité, au régime d'assurance hospitalisation créé en 1961, au régime d'assurance maladie en 1971, au Ministère de l'Éducation en 1964, à la Société générale de financement (SGF) en 1962, ou à la Caisse de dépôt et de placement en 1965. Avec ces nouvelles instances, le Québec a pu prendre en charge son développement. Mais, ces nouvelles responsabilités ont aussi eu comme effet d'augmenter la taille de l'appareil d'État. Pour prendre en charge ces nouvelles responsabilités, l'administration publique québécoise a dû augmenter significativement ses effectifs.

Entre 1961 et 1980, l'effectif total du gouvernement du Québec, qui comprend la fonction publique, le secteur de l'éducation, le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les sociétés d'États, a plus que doublé; passant de 54 080 employés à 126 100. Une augmentation de plus de 4 % par année.

Quel a été l'impact de la création de tous ces nouveaux emplois sur l'économie du Québec? En supposant que la rémunération versée à ces nouveaux employés de l'État se retrouvaient au milieu de l'échelle salariale, ceux-ci sont venus augmenter les rangs des salariés, mettant au monde ni plus ni moins une nouvelle classe moyenne francophone. Or, du point de vue économique, c'est la classe moyenne qui fait rouler l'économie. Plus elle est importante, plus elle génèrent de l'activité économique. C'est sans doute l'arrivée massive de ces nouveaux employés de l'État qui a permis, du moins en partie, de mettre au monde le Québec Inc.; qui nous a permis d'atteindre ce niveau de prospérité que l'on connait.

Selon l'Institut de la statistique du Québec, on compterait plus de 500 000 employés de l'État au Québec. Des emplois biens rémunérés et sûrs. Peu importe les aléas de l'économie, ces emplois là ne seront pas perdus. L'importance de notre fonction publique pourrait-elle expliquer le faible impact (par rapport à d'autres économies) qu'à eu la récente crise des marchés financiers sur notre économie?

Pensons maintenant aux régions. La création de gouvernements régionaux permettrait à la fois aux régions d'avoir les pouvoirs pour prendre en charge leur développement, et de se doter d'une véritable classe moyenne capable de faire rouler l'économie locale. C'est souvent ce qui manque en région pour assurer la survie de commerces ou de services; un clientèle en mesure de payer. Avec l'arrivée de centaines de nouveaux employés de l'État dans chaque région, on pourrait régler en partie cette problématique. De plus, comme les gouvernements sont souvent les plus gros donneurs d'ouvrages, leur impact sur les économies régionales s'en trouverait augmenté. C'est un pensez-y bien.

Bien entendu, il faudrait revoir la carte des régions pour en réduire le nombre; et revoir le partage des pouvoirs entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux. Ça, c'est une autre histoire. Politique celle-là.