Premièrement, pour la reconstruction, le gouvernement Haïtien a besoin d'argent. Ça tombent bien, la communauté internationale s'est engagée à verser plus de 11 milliards de dollars US pour reconstruire le pays suite au tremblement de terre. Deuxièmement, pour que la reconstruction se fasse, il faut que le gouvernement s'implique totalement. C'est sa responsabilité première (la responsabilité de tout gouvernement); c'est d'ailleurs écrit dans la constitution haïtienne.
Pour ce faire, le gouvernement aura besoin d'engager beaucoup de personnels, et ce dans plusieurs secteurs. Par exemple, pour le secteur de l'éducation, la constitution prévoie que l'instruction est une responsabilité de l'État et doit être gratuite. Ce n'est pas le cas présentement; 68 % des écoles primaires et 82 % des écoles secondaires sont financées par le privé. Les parents qui veulent y envoyer leurs enfants doivent payer des frais de scolarités. Bien entendu, très peu de parents en ont les moyens (en 1995, le taux d'analphabétisation atteignait près de 78 %). Pour remédier à cette situation, le gouvernement haïtien devra engager des professeurs et voire à leur formation. Ah oui, j'oubliais, il devra aussi construire des écoles. C'est faisable; nous l'avons fait au Québec dans les années 1960.
Même chose du côté de la santé. Le gouvernement devra engager du personnel et construire des hôpitaux pour permettre à la population d'avoir accès à des services de santé adéquats.
Et que dire des infrastructures tels les routes, les ponts, les égouts, etc.. Le gouvernement devra investir aussi dans le béton. Ce n'est pas le secteur privé qui construira les routes. Il faudra relancer l'agriculture et procéder au reboisement complet du pays pour éviter les glissements de terrain lors des tempêtes tropicales. Il faudra rendre l'électricité accessible pour tout le monde.
Pour ce faire, le gouvernement devra engager beaucoup de personnels. Ça veut dire qu'il devra créer des emplois. Il n'y a rien de meilleur pour bâtir une économie, surtout une économie de marché. Comment voulez-vous bâtir une économie de marché s'il n'y a personne pour acheter les biens et services qui sont produits. Comment voulez-vous qu'une entreprise crée des emplois pour fabriquer des biens s'il n'y a personne pour les acheter. En créant des emplois massivement, le gouvernement crée ainsi un marché pour ces entreprises de biens et services. L'arrivée en masse de tous ces nouveaux employés de l'État fera naître une multitude d'entreprises pour répondre à leurs nouveaux besoins.
L'arrivée de ces nouveaux salariés (ceux de l'État et ceux des nouvelles entreprises créées) occasionnera des activités économiques sur lesquelles le gouvernement pourra retirer des revenus sous forme d'impôts, de taxes et de permis.
«Oui, mais que faîtes vous de la corruption monsieur Arbour?»
C'est simple, pour contrer la corruption, il faut payer adéquatement les employés, offrir des salaires décents. Ça veut dire que ces salaires permettront à chacun de se loger (des emplois dans le domaine de la construction), de se nourrir (des épiceries, des dépanneurs, des restaurants; et les producteurs), de se vêtir (magasins et fabriquant de vêtements) et de se transporter (garage, poste d'essence ou d'électricité pour voiture électrique). Et aussi de communiquer (services de téléphones, Internet). Et de payer ses taxes et ses impôts.