samedi 6 novembre 2010

Haïti: mode d'emploi pour une reconstruction

Premièrement, pour la reconstruction, le gouvernement Haïtien a besoin d'argent. Ça tombent bien, la communauté internationale s'est engagée à verser plus de 11 milliards de dollars US pour reconstruire le pays suite au tremblement de terre. Deuxièmement, pour que la reconstruction se fasse, il faut que le gouvernement s'implique totalement. C'est sa responsabilité première (la responsabilité de tout gouvernement); c'est d'ailleurs écrit dans la constitution haïtienne.

Pour ce faire, le gouvernement aura besoin d'engager beaucoup de personnels, et ce dans plusieurs secteurs. Par exemple, pour le secteur de l'éducation, la constitution prévoie que l'instruction est une responsabilité de l'État et doit être gratuite. Ce n'est pas le cas présentement; 68 % des écoles primaires et 82 % des écoles secondaires sont financées par le privé. Les parents qui veulent y envoyer leurs enfants doivent payer des frais de scolarités. Bien entendu, très peu de parents en ont les moyens (en 1995, le taux d'analphabétisation atteignait près de 78 %). Pour remédier à cette situation, le gouvernement haïtien devra engager des professeurs et voire à leur formation. Ah oui, j'oubliais, il devra aussi construire des écoles. C'est faisable; nous l'avons fait au Québec dans les années 1960.

Même chose du côté de la santé. Le gouvernement devra engager du personnel et construire des hôpitaux pour permettre à la population d'avoir accès à des services de santé adéquats.

Et que dire des infrastructures tels les routes, les ponts, les égouts, etc.. Le gouvernement devra investir aussi dans le béton. Ce n'est pas le secteur privé qui construira les routes. Il faudra relancer l'agriculture et procéder au reboisement complet du pays pour éviter les glissements de terrain lors des tempêtes tropicales. Il faudra rendre l'électricité accessible pour tout le monde.

Pour ce faire, le gouvernement devra engager beaucoup de personnels. Ça veut dire qu'il devra créer des emplois. Il n'y a rien de meilleur pour bâtir une économie, surtout une économie de marché. Comment voulez-vous bâtir une économie de marché s'il n'y a personne pour acheter les biens et services qui sont produits. Comment voulez-vous qu'une entreprise crée des emplois pour fabriquer des biens s'il n'y a personne pour les acheter. En créant des emplois massivement, le gouvernement crée ainsi un marché pour ces entreprises de biens et services. L'arrivée en masse de tous ces nouveaux employés de l'État fera naître une multitude d'entreprises pour répondre à leurs nouveaux besoins.

L'arrivée de ces nouveaux salariés (ceux de l'État et ceux des nouvelles entreprises créées) occasionnera des activités économiques sur lesquelles le gouvernement pourra retirer des revenus sous forme d'impôts, de taxes et de permis.

«Oui, mais que faîtes vous de la corruption monsieur Arbour?»

C'est simple, pour contrer la corruption, il faut payer adéquatement les employés, offrir des salaires décents. Ça veut dire que ces salaires permettront à chacun de se loger (des emplois dans le domaine de la construction), de se nourrir (des épiceries, des dépanneurs, des restaurants; et les producteurs), de se vêtir (magasins et fabriquant de vêtements) et de se transporter (garage, poste d'essence ou d'électricité pour voiture électrique). Et aussi de communiquer (services de téléphones, Internet). Et de payer ses taxes et ses impôts.   

vendredi 29 octobre 2010

Haïti: une économie à bâtir.

Le gros problème en Haïti, c'est qu'il n'y a pas d'économie, pas d'activité économique. Le taux de chômage dépasse les 32 %, 78 % de la population vie en situation de pauvreté et le salaire annuel moyen est de 250 $US. On ne peut pas faire de folles dépenses avec seulement 250 $US par année. Comment peut-ont bâtir une économie s'il n'y a pas de marché, pas de consommateurs. On pourra créer les entreprises que l'on voudra, mais elles ne pourront pas survivre s'il n'y a pas personne pour acheter les biens et services qui sont produits. Alors, quelle est la solution?

Pour bâtir une économie, il faut y injecter de l'argent. Et la meilleure façon d'injecter de l'argent, de façon durable, dans l'économie, c'est en créant des emplois, en versant des salaires; salaires qui seront réinvestis dans cette même économie. Il faut d'abord miser sur le capital humain. Et à qui revient le rôle de créer ces emplois? D'abord au gouvernement. En créant des emplois, en versant des salaires pour ses employés, le gouvernement se trouve à injecter de l'argent dans l'économie. De cet argent, de ces salaires, le gouvernement en prélèvera une partie sous forme d'impôt sur le revenu, s'assurant ainsi des revenus qu'il pourra réinvestir dans l'économie.

Les employés de l'État, grâce à leur nouveau pouvoir d'achat (leur salaires) pourront se procurer des biens et services. Des entreprises pourront voir le jour pour offrir à ces nouveaux consommateurs ces mêmes biens et services. La création ou l'expansion d'entreprises passera forcément par la création de nouveaux emplois, le versement de nouveaux salaires, dont une partie trouvera le chemin des coffres de l'État sous forme d'impôt. Le gouvernement pourra aussi prévoir une taxe sur les biens et services vendus pour garnir ses coffres. Et ces revenus provenant des taxes pourront aussi être réinvestis dans l'économie.

Vous trouvez que c'est simpliste comme solution? Vous avez raison. Mais ça fonctionne. La présence d'un important secteur public assure une base solide et durable à une économie de marché. Regardez les pays développés qui fonctionnent avec une économie de marché, leurs gouvernements sont souvent les plus importants employeurs et les plus gros donneurs d'ouvrages.

Prenons l'exemple du Québec. Tel que mentionné dans un précédent billet, selon l'Institut de la statistique du Québec, on compterait plus de 500 000 employés de l'État (fonction publique, sociétés d'États, secteurs de l'éducation, de la Santé et des services sociaux). Et c'est sans comptés ceux appartenant à la fonction publique fédérale. Ces employés de l'État reçoivent tous un salaire et peuvent ainsi s'acheter des biens et des services de toutes sortes. Combien d'entreprises sont nécessaires pour répondre aux besoins en biens et services de ces employés de l'État. Et combien d'emplois ces mêmes entreprises ont créées pour répondre à cette demande? Combien d'entrepreneurs en construction, combien d'agent d'immeubles, d'agent d'assurances, combien d'épiceries, combien de dépanneurs vivent en raison de la présence de ces nombreux salariés de l'État? Et c'est sans compter les entreprises qui ne vivent que des contrats en biens et services octroyés pas l'État. Toutes ces entreprises qui ont comme unique client une société d'État, un ministère, ou un organisme public; combien d'emplois cela représente-t-il?