samedi 1 mars 2008

Le pouvoir local dans l’Empire Romain : reconnaissance ou déchéance (suite).

Voici le cinquième volet du travail que j’ai rédigé en 1999 pour le cours d’Idées politiques dans le cadre de ma maîtrise en science politique. Il s’agit du deuxième extrait de la deuxième partie du travail qui traite du statut des villes dans l’Empire Romain. Bonne lecture.


«L’Empire avait une économie sous-développée et fonctionnait de façon centralisée. Le niveau de vie de la population en général se situait près du seuil de subsistance. Une forte proportion de la main-d'œuvre était employée dans l’agriculture. La production en était une de subsistance. On ne pensait pas à accumuler des surplus pour l’exportation. Les échanges entre les divers entités et les guerres de conquêtes qui apportaient leur part de richesses avaient permis à l’Empire de se maintenir. Mais lorsque confronté à des guerre d’usure ainsi qu’à certains blocus, comme celui du couloir du Danube, le gouvernement devait chercher d’autres sources de financement. Et ce financement devait être important pour maintenir l’armée en fonction.

Les prélèvements faits pour subvenir aux besoins des armées sont venus déstabiliser le marché privé. Les réserves étant quasi inexistantes, on vit apparaître des signes de pénuries. L’Empire fonctionnait comme une vaste structure urbaine. Des réseaux acheminaient les ressources des campagnes vers les villes. Ces campagnes, qui n’étaient pas cultivées à leur pleine capacité, ne parvenaient pas à fournir les demandes de Rome et des autres villes. Les pénuries et le fonctionnement centralisé de l’Empire ont entraîné un grand nombre de paysans sur les routes. Ceux-ci sont venus s’installer dans les villes, déjà fortement endettées, ce qui entraîna une forte augmentation de leur charge d’assistance. L’État devait donc intervenir pour rétablir le financement des cités en envoyant des contrôleurs.

Il est difficile de trouver la véritable cause de cette récession qui frappait l’Empire. Certains se demandent si ce n’est pas les dépenses somptueuses de l’Empereur Trajan (98 à 117) qui ont entraîné une inflation monétaire. D’autres avancent que cette récession serait la conséquence des habitudes de consommation des romains; habitudes toujours croissantes alors que le système de production ne suffit plus à la demande. Une autre raison avancée pour expliquer la crise économique serait la grande peste venue d’Orient que l’Empereur Lucius Verus, qui succéda à Marc Aurèle, aurait ramené.

La décadence des cités est une autre raison que l’on a avancé pour expliquer la crise économique que subissait l’Empire. Mais comment expliquer cette décadence? François Jacques avance deux raisons. En premier lieu, il parle de la "conjuration des centralisateurs". Ceux-ci auraient cherché à réduire grandement l’autonomie des villes. Mais les élites locales auraient aussi leur part de responsabilité. Voyant leurs charges augmenter en raison des difficultés de l’Empire, celles-ci auraient abandonner leurs fonctions, refusant toutes nouvelles tâches provenant de Rome.

Les provinces ainsi que les villes se sont beaucoup développées au sein de l’Empire, si bien qu’elles n’eurent plus besoin de Rome. Plutôt que de se "fédéraliser" en associant le pouvoir central aux intérêts locaux pour conserver l’intégrité de l’Empire, Rome riposta par une plus grande centralisation. Ne voulant plus subir les pressions de Rome, les instances locales se révoltèrent. Cette révolte fut étouffée au cours du III siècle, mais éclata de nouveau au IV siècle pour mettre fin à l’Empire.»

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