lundi 4 octobre 2010

Gouvernement régional: point de vue économique.

Certaines régions du Québec sont un peu à l'image du Québec d'avant 1960. Elles n'ont pas les pouvoirs nécessaires pour s'occuper de leurs affaires et ont des taux de chômage plus élevés que la moyenne. Souvent, elles doivent encore attendre après une décision qui vient d'ailleurs. La mise en place d'un gouvernement régional leur permettrait de s'approprier le fameux «maîtres chez nous» qui a propulsé le Québec dans la modernité en enclenchant sa «révolution tranquille».

Dans les années 1960, le gouvernement du Québec s'est donné les outils institutionnels nécessaires à son développement socio-économique. On a qu'à penser à la nationalisation de l'électricité, au régime d'assurance hospitalisation créé en 1961, au régime d'assurance maladie en 1971, au Ministère de l'Éducation en 1964, à la Société générale de financement (SGF) en 1962, ou à la Caisse de dépôt et de placement en 1965. Avec ces nouvelles instances, le Québec a pu prendre en charge son développement. Mais, ces nouvelles responsabilités ont aussi eu comme effet d'augmenter la taille de l'appareil d'État. Pour prendre en charge ces nouvelles responsabilités, l'administration publique québécoise a dû augmenter significativement ses effectifs.

Entre 1961 et 1980, l'effectif total du gouvernement du Québec, qui comprend la fonction publique, le secteur de l'éducation, le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que les sociétés d'États, a plus que doublé; passant de 54 080 employés à 126 100. Une augmentation de plus de 4 % par année.

Quel a été l'impact de la création de tous ces nouveaux emplois sur l'économie du Québec? En supposant que la rémunération versée à ces nouveaux employés de l'État se retrouvaient au milieu de l'échelle salariale, ceux-ci sont venus augmenter les rangs des salariés, mettant au monde ni plus ni moins une nouvelle classe moyenne francophone. Or, du point de vue économique, c'est la classe moyenne qui fait rouler l'économie. Plus elle est importante, plus elle génèrent de l'activité économique. C'est sans doute l'arrivée massive de ces nouveaux employés de l'État qui a permis, du moins en partie, de mettre au monde le Québec Inc.; qui nous a permis d'atteindre ce niveau de prospérité que l'on connait.

Selon l'Institut de la statistique du Québec, on compterait plus de 500 000 employés de l'État au Québec. Des emplois biens rémunérés et sûrs. Peu importe les aléas de l'économie, ces emplois là ne seront pas perdus. L'importance de notre fonction publique pourrait-elle expliquer le faible impact (par rapport à d'autres économies) qu'à eu la récente crise des marchés financiers sur notre économie?

Pensons maintenant aux régions. La création de gouvernements régionaux permettrait à la fois aux régions d'avoir les pouvoirs pour prendre en charge leur développement, et de se doter d'une véritable classe moyenne capable de faire rouler l'économie locale. C'est souvent ce qui manque en région pour assurer la survie de commerces ou de services; un clientèle en mesure de payer. Avec l'arrivée de centaines de nouveaux employés de l'État dans chaque région, on pourrait régler en partie cette problématique. De plus, comme les gouvernements sont souvent les plus gros donneurs d'ouvrages, leur impact sur les économies régionales s'en trouverait augmenté. C'est un pensez-y bien.

Bien entendu, il faudrait revoir la carte des régions pour en réduire le nombre; et revoir le partage des pouvoirs entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux. Ça, c'est une autre histoire. Politique celle-là.

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