mardi 19 octobre 2010

Haïti, bon temps pour une révolution tranquille.

Dans une lettre parue sur Cyberpresse le 7 octobre dernier, Jocelyn Coulon rapporte que le représentant de l'ONU à Haïti, Edmund Mulet, a lancé un cri d'alarme en disant que le pays était devenu une république aux mains des ONG et que les choses stagnaient. Monsieur Mulet disait qu'il fallait tout revoir dans ce pays. Et il n'a pas tord. Depuis le départ précipité de l'héritier Duvalier, et peut-être même avant, les Haïtiens ont laissé à d'autres la responsabilité des affaires publiques. Que ce soient les hôpitaux ou les écoles, ce n'est pas le gouvernement haïtien qui s'en occupe. Même chose pour les services publics comme l'eau, l'électricité et les routes. Les haïtiens ne sont pas «maîtres chez eux».

Les ONG ont beaucoup de bonnes intentions. Mais pour le niveau d'aide nécessaire pour reconstruire le pays, elles ne sont pas du tout efficace. Et elles ne l'étaient pas plus avant le tremblement de terre. Je me souviens d'avoir lu un article il y a plus d'un an sur un programme d'aide qui avait permis à une petite communauté d'avoir de l'électricité environ 6 heures par jour. On avait même installé des lampadaires pour éclairer les rues. Ce programme avait pris plusieurs mois à se réaliser. Et on espérait pouvoir répéter l'exploit dans d'autres communautés au cours des prochaines années. Comment voulez-vous bâtir un pays à ce rythme là.

Haïti se trouve dans une situation de développement similaire (ou pire) à celle que le Québec vivait il y a 50 ans, avant la révolution tranquille. Du moins le Québec francophone. En Haïti, à peine 30 % des Haïtiens ont terminé l'école primaire. Vous trouvez ces chiffres effarants? Nous étions pas plus avancé au Québec il y a 50 ans. En 1964, année de la création du ministère de l'éducation, 7 adultes francophones sur 10 n'avaient pas terminé l'école primaire. Le gouvernement haïtien compte pourtant un ministère de l'éducation; mais il n'est pas, pour l'instant, fonctionnel. Pour les hôpitaux et et le secteur de la santé, c'est la même chose. Tout est désorganisé dans le pays. Il faut donc réorganiser la gouvernance. Et ce n'est pas les ONG qui vont pouvoir le faire. Seul le gouvernement haïtien peut et doit le faire. Il a juste besoin d'un peu de volonté et de beaucoup d'aide.

Je l'ai déjà écrit sur ce blogue, c'en est d'ailleurs la prémisse de départ, le développement d'une région, ou d'un pays, est d'abord et avant tout une question de gouvernance, une question politique. La gouvernance, c'est l'organisation de la prise de décision sur les affaires publiques; comme l'éducation, le logement, les transports etc..

Pour Haïti, il y a déjà du bon travail de fait. Le pays s'est doté, il y a plusieurs années, d'une constitution qui traite de tous ces sujets importants. Il faut seulement pouvoir l'appliquer.

Et ce n'est pas impossible.

Aucun commentaire: