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mardi 6 mars 2007

Pronostic.

Afin d’évaluer une politique, il est bon de se rappeler des objectifs de celle-ci. Dans le cas de la politique de l’éducation des années 1960, les objectifs étaient de:
- donner à chacun la possibilité de s‘instruire;
- rendre accessibles à chacun les études les mieux adaptées à ses aptitudes et à ses goûts;
- enfin, préparer l’individu à vivre en société.

Le but de la réforme était de rattraper le retard de la société québécoise en matière d’éducation. On peut dire aujourd’hui que ces objectifs ont été remplis et qu’ils le sont encore actuellement. Le taux de scolarisation actuel et l’accessibilité des études en sont une preuve formelle. Rappelons-nous que le taux de scolarisation était d’à peine 30% dans les années 1960. À combien se situe-t-il aujourd’hui? Je vous laisse répondre. Voici un aperçu de pronostic de cette réforme que l’on retrouve dans le projet de Livre blanc sur la décentralisation de 1977. Retour en arrière:

«La présence de l’État et l’injection massive de fonds publics dans le système d’éducation allaient provoquer des changements au sein de la gestion du système d’éducation et bousculer des habitudes et des mentalités, tout en permettant d’atteindre les objectifs généraux de la réforme. Après plus de 12 ans, la réforme a peu affecté la structure juridique des instances décentralisées mais a suscité des problèmes aigus de fonctionnement éprouvés par le système et un certain degré d’insatisfaction des utilisateurs des services vis-à-vis la qualité de ces services.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 9.

Alors, qu’est-ce qui ne va pas avec le système d’éducation aujourd’hui? Tout comme en 1977, c’est un problème de fonctionnement, de gestion et d’organisation. À l’époque, on ne s’est pas trop poser de questions sur la gestion et le fonctionnement du système qui allait être mis en place. Il fallait construire des écoles pour accueillir tous ces nouveaux élèves et leur offrir une éducation qui allait mener à l’obtention d’un diplôme quelques années plus tard. Comme aujourd’hui, c’était le taux de "diplomation" qui comptait le plus et non la qualité d’enseignement. Et tout le monde y est allé avec sa méthode, sa théorie et, surtout, la défense de ses intérêts. Cette approche éclatée a provoqué un dysfonctionnement du système d’éducation qui, si on le compare à la situation actuelle, n’a pas encore été solutionné. Voyons ce que l’on disait de la situation il y a près de 30 ans. Nous commençons par le problème venant de la confusion des rôles et responsabilités entre le ministère et les commissions scolaires.

«Cette confusion vient, en grande partie, de l’absence d’une définition claire de ces rôles et responsabilités dans une contexte où les commissions scolaires possèdent les caractères essentiels d’organismes décentralisés et où le ministère et le Gouvernement pratiquent une gestion décentralisatrice. Rappelons Rappelons que le ministre de l’Éducation joue un rôle prépondérant dans l’administration des lois relatives à l’éducation. Légalement, le ministre est en mesure d’assumer les responsabilités du chef du système scolaire. Il possède des pouvoirs de réglementation et de contrôle de toutes les structures de l’éducation et ses interventions peuvent toucher à la fois les domaines administratifs et pédagogiques. L’expérience des dernières années démontre que l’attitude du ministère de l’Éducation s’est manifestée par une utilisation maximale de la loi. Les nombreux règlements et directives émanant du ministère ont conduit les corporations scolaires à être, à toutes fins utiles, des exécutants des décisions de l’autorité centrale.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 9.

jeudi 1 mars 2007

La réforme de l’éducation (bilan de 1977).

Je poursuis la présentation du Projet de Livre blanc sur la décentralisation de décembre 1977. Avant de procéder à une réforme, il peut être intéressant de faire le bilan des réformes précédentes. C’est ce que est présenté au chapitre 1 de la première partie du document, le «contexte général des réformes gouvernementales depuis 1970». Aujourd’hui, un bilan de la réforme en éducation, en 1977. Retour en arrière:

«”Il n’y aura pas de ministère de l’Éducation” disait, il y a quelques années, un homme politique célèbre. Il y a aujourd’hui un ministère de l’Éducation et un système scolaire qui ont pris des proportions telles que d’aucuns n’hésitent pas à le qualifier de “monstrueux”.

Rappelons, sommairement les principaux éléments de la réforme.

Les raisons de la réforme.
Au début des années ‘50, l’éducation au Québec relevait traditionnellement de l’unité familiale. Pour les catholiques, l’Église et la famille partageaient les principales responsabilités conjointement avec les institutions publiques ou privées d’éducation, sans beaucoup impliquer le Gouvernement. Au delà de l’école primaire, l’éducation demeurait davantage un privilège plutôt qu’un service public accessible à tous. Cette perception élitiste de l’éducation impliquait que l’éducation ne pouvait participer au projet collectif de développement de l’activité économique, sociale et culturelle. Cette non-reconnaissance de l’éducation n’incitait guère à définir l’État comme premier responsable du développement du système scolaire.

Au cours de la décennie 1950-1960, de nombreux facteurs, tels l’explosion des effectifs scolaires, l’industrialisation, l’urbanisation, une prise de conscience plus nette des classes sociales, etc. , ont contribué à mettre en évidence les principaux problèmes auxquels se butait le système scolaire. Administré par 8 ministères différents et par plus de 1 700 commissions scolaires, le système d’éducation manquait manifestement de cohérence tant au plan de l’administration qu’au plan des programmes d’enseignement, favorisant ainsi la dispersion et l’éparpillement des services. À ce morcellement et à ce cloisonnement des administrations scolaires s’ajoutait le problème d’inaccessibilité de l’éducation. L’absence d’un enseignement secondaire public complet dans la plupart des commissions scolaires rurales et l’appropriation presque exclusive de l’enseignement de l’enseignement secondaire par des établissements privés de capacité restreinte et de caractère sélectif maintenaient un niveau de scolarisation extrêmement bas de l’ensemble de la population. Enfin, le faible rendement des assiettes fiscales foncières locales, la non-reconnaissance, au plan budgétaire, de l’éducation comme service public et l’implication restreinte et souvent discriminatoire du Gouvernement dans l’octroi des budgets requis par la demande croissante de scolarisation faisaient en sorte que l’éducation jouissait de ressources financières nettement insuffisantes provoquant ainsi l’inégalité des services selon les régions et les individus.»

- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 6 et 7.

À suivre...