Afin d’évaluer une politique, il est bon de se rappeler des objectifs de celle-ci. Dans le cas de la politique de l’éducation des années 1960, les objectifs étaient de:
- donner à chacun la possibilité de s‘instruire;
- rendre accessibles à chacun les études les mieux adaptées à ses aptitudes et à ses goûts;
- enfin, préparer l’individu à vivre en société.
Le but de la réforme était de rattraper le retard de la société québécoise en matière d’éducation. On peut dire aujourd’hui que ces objectifs ont été remplis et qu’ils le sont encore actuellement. Le taux de scolarisation actuel et l’accessibilité des études en sont une preuve formelle. Rappelons-nous que le taux de scolarisation était d’à peine 30% dans les années 1960. À combien se situe-t-il aujourd’hui? Je vous laisse répondre. Voici un aperçu de pronostic de cette réforme que l’on retrouve dans le projet de Livre blanc sur la décentralisation de 1977. Retour en arrière:
«La présence de l’État et l’injection massive de fonds publics dans le système d’éducation allaient provoquer des changements au sein de la gestion du système d’éducation et bousculer des habitudes et des mentalités, tout en permettant d’atteindre les objectifs généraux de la réforme. Après plus de 12 ans, la réforme a peu affecté la structure juridique des instances décentralisées mais a suscité des problèmes aigus de fonctionnement éprouvés par le système et un certain degré d’insatisfaction des utilisateurs des services vis-à-vis la qualité de ces services.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 9.
Alors, qu’est-ce qui ne va pas avec le système d’éducation aujourd’hui? Tout comme en 1977, c’est un problème de fonctionnement, de gestion et d’organisation. À l’époque, on ne s’est pas trop poser de questions sur la gestion et le fonctionnement du système qui allait être mis en place. Il fallait construire des écoles pour accueillir tous ces nouveaux élèves et leur offrir une éducation qui allait mener à l’obtention d’un diplôme quelques années plus tard. Comme aujourd’hui, c’était le taux de "diplomation" qui comptait le plus et non la qualité d’enseignement. Et tout le monde y est allé avec sa méthode, sa théorie et, surtout, la défense de ses intérêts. Cette approche éclatée a provoqué un dysfonctionnement du système d’éducation qui, si on le compare à la situation actuelle, n’a pas encore été solutionné. Voyons ce que l’on disait de la situation il y a près de 30 ans. Nous commençons par le problème venant de la confusion des rôles et responsabilités entre le ministère et les commissions scolaires.
«Cette confusion vient, en grande partie, de l’absence d’une définition claire de ces rôles et responsabilités dans une contexte où les commissions scolaires possèdent les caractères essentiels d’organismes décentralisés et où le ministère et le Gouvernement pratiquent une gestion décentralisatrice. Rappelons Rappelons que le ministre de l’Éducation joue un rôle prépondérant dans l’administration des lois relatives à l’éducation. Légalement, le ministre est en mesure d’assumer les responsabilités du chef du système scolaire. Il possède des pouvoirs de réglementation et de contrôle de toutes les structures de l’éducation et ses interventions peuvent toucher à la fois les domaines administratifs et pédagogiques. L’expérience des dernières années démontre que l’attitude du ministère de l’Éducation s’est manifestée par une utilisation maximale de la loi. Les nombreux règlements et directives émanant du ministère ont conduit les corporations scolaires à être, à toutes fins utiles, des exécutants des décisions de l’autorité centrale.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 9.
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mardi 6 mars 2007
mercredi 28 février 2007
«Les responsabilités perdues»
En cette période électorale où tout le monde y va de ses demandes auprès des partis qui se font la lutte, il est intéressant de faire un retour en arrière. C’est fou ce qu’on peut demander à un gouvernement sans même se poser la question si la demande que l’on fait aujourd’hui est cohérente avec celle que l’on a fait hier. On accuse les gouvernements de ne rien faire et d’être responsable de tout ce qui ne fonctionne pas; comme si c’était le gouvernement seul qui était responsable de tout et comme si nous, citoyens, syndicats ou groupes d’intérêts, etc., nous étions responsable de rien! Comme si nous avions perdu, comme individu ou collectivité, nos responsabilités.
Dans le document «Projet de Livre blanc sur la décentralisation» du 12 décembre 1977 (qui, je le rappelle n’a jamais été rendu public), on fait état de ces “responsabilités perdues” (un constat qui malheureusement est encore beaucoup actuel); mais qui, toujours selon le document, serait du en grande partie au “mal bureaucratique”. Retour en arrière:
«- il existe au Québec “une sorte de mal bureaucratique” largement répandu dans l’administration gouvernementale, dans les réseaux de l’éducation et des affaires sociales, les municipalités, les appareils syndicaux et patronaux;
- il y a une autre attitude assez généralisée chez beaucoup de citoyens qui ne savent plus qui est responsable de quoi, eux-mêmes se sentant plus ou moins responsables de rien; c’est ce qu’on pourraient appeler “les responsabilités perdues”...
Comment se manifestent ces deux sortes de maux?
1. Le mal bureaucratique:
Il est constant, il est de toutes les organisations. Il se manifeste sous plusieurs formes et, plus particulièrement par:
une difficulté de plus en plus grande pour les citoyens d’avoir accès aux décisions;
une inadaptation croissante des décisions prises par rapport aux besoins vécus localement e quotidiennement;
une segmentation et un cloisonnement des secteurs d’activités et des organisations;
une tendance à gérer les choses à partir de critères, de normes, de contrôle à priori, de vérification, de permis de toute nature et de tous les secteurs d’activités.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 24 et 25.
2. Les responsabilités perdues:
Il s’agit d’une sorte de dérobade systématique à l’égard des responsabilités. Il y a toujours quelqu’un d’autre susceptible d’être responsable: c’est la faute du Gouvernement, du ministère, du syndicat, de la commission scolaire, de la municipalité, etc.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 30.
Dans le document «Projet de Livre blanc sur la décentralisation» du 12 décembre 1977 (qui, je le rappelle n’a jamais été rendu public), on fait état de ces “responsabilités perdues” (un constat qui malheureusement est encore beaucoup actuel); mais qui, toujours selon le document, serait du en grande partie au “mal bureaucratique”. Retour en arrière:
«- il existe au Québec “une sorte de mal bureaucratique” largement répandu dans l’administration gouvernementale, dans les réseaux de l’éducation et des affaires sociales, les municipalités, les appareils syndicaux et patronaux;
- il y a une autre attitude assez généralisée chez beaucoup de citoyens qui ne savent plus qui est responsable de quoi, eux-mêmes se sentant plus ou moins responsables de rien; c’est ce qu’on pourraient appeler “les responsabilités perdues”...
Comment se manifestent ces deux sortes de maux?
1. Le mal bureaucratique:
Il est constant, il est de toutes les organisations. Il se manifeste sous plusieurs formes et, plus particulièrement par:
une difficulté de plus en plus grande pour les citoyens d’avoir accès aux décisions;
une inadaptation croissante des décisions prises par rapport aux besoins vécus localement e quotidiennement;
une segmentation et un cloisonnement des secteurs d’activités et des organisations;
une tendance à gérer les choses à partir de critères, de normes, de contrôle à priori, de vérification, de permis de toute nature et de tous les secteurs d’activités.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 24 et 25.
2. Les responsabilités perdues:
Il s’agit d’une sorte de dérobade systématique à l’égard des responsabilités. Il y a toujours quelqu’un d’autre susceptible d’être responsable: c’est la faute du Gouvernement, du ministère, du syndicat, de la commission scolaire, de la municipalité, etc.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 30.
mercredi 24 janvier 2007
Conditions gagnantes
La politique, c’est une question de choix. Il suffit de savoir ce que l’on veut. À ceux qui répliqueront que ce n’est pas si simple que cela, je leur répondrai oui, c’est aussi simple que cela. On avait une Loi sur les abeilles (L.R.Q. c. 1-A, abrogée le 15 novembre 2000), on a un règlement qui interdit la coloration de la margarine (R.R.Q. 1981 c P-30, r. 15); on peut avoir une loi qui transformera nos instances municipales selon ce que nous voulons. Il s’agit de savoir ce que nous voulons. Et ce que nous avons comme instances politiques locales.
D’abord, la municipalité. Elle assume «des responsabilités en matière d'aménagement et d'urbanisme, d'habitation, de voirie, de développement communautaire et culturel, de loisirs, de transport en commun en milieu urbain, d'assainissement des eaux usées, etc. La nature, l'étendue et l'exercice des responsabilités varient selon les valeurs, les besoins et les moyens qui la caractérisent» (MAMR). Vous avez bien noté, “selon les moyens qui la caractérisent”. Si la municipalité n’a pas de moyens, elle ne pourra pas exercer toutes ces responsabilités. Elle devra donc faire des choix.
Au palier supra-local, on retrouve la MRC (Municipalité régionale de comté). La Gaspésie en compte 5 (Haute-Gaspésie, Côte-de-Gaspé, Rocher-Percé, Bonaventure et Avignon). Elles «ont été créées pour faciliter la mise en commun des services et la gestion des décisions régionales qui influent sur plusieurs municipalités» (MAMR). Elles ont des compétences en matière d’aménagement et d’urbanisme et s’occuppent de la préparation des rôles d’évaluation foncière. Elles sont responsables aussi de la gestion des matières résiduelles (les déchets) et du développement local, par l’entremise du CLD (Centre local de développement).
On peut voir dans cette petite description de nos instances locales qu’il peut y avoir confusion quant aux rôles que peuvent jouer chacune d’elles. Par exemple, en matière d’aménagement du territoire, les deux entités ont des pouvoirs. Même chose du côté du développement économique. Qui prend les décisions à la MRC ? Le conseil qui est composé des maires des municipalités membres de la MRC. Il peut y avoir aussi des conseillers municipaux de ces municipalités. Voici comment le MAMR présente le rôle que doit jouer la MRC :
«Sans amoindrir l’autorité de la municipalité locale sur son territoire, certaines questions de compétence locale commandent la concertation entre des municipalités dont les territoires sont voisins; elles exigent une planification, une coordination et un partage du financement à l’échelle régionale ou métropolitaine.»
Concertation, planification, coordination, partage. Avec de la bonne volonté, c’est possible. Le site d’enfouissement des déchets pour les MRC Avignon et Bonaventure, ça vous dit quelque chose ?
D’abord, la municipalité. Elle assume «des responsabilités en matière d'aménagement et d'urbanisme, d'habitation, de voirie, de développement communautaire et culturel, de loisirs, de transport en commun en milieu urbain, d'assainissement des eaux usées, etc. La nature, l'étendue et l'exercice des responsabilités varient selon les valeurs, les besoins et les moyens qui la caractérisent» (MAMR). Vous avez bien noté, “selon les moyens qui la caractérisent”. Si la municipalité n’a pas de moyens, elle ne pourra pas exercer toutes ces responsabilités. Elle devra donc faire des choix.
Au palier supra-local, on retrouve la MRC (Municipalité régionale de comté). La Gaspésie en compte 5 (Haute-Gaspésie, Côte-de-Gaspé, Rocher-Percé, Bonaventure et Avignon). Elles «ont été créées pour faciliter la mise en commun des services et la gestion des décisions régionales qui influent sur plusieurs municipalités» (MAMR). Elles ont des compétences en matière d’aménagement et d’urbanisme et s’occuppent de la préparation des rôles d’évaluation foncière. Elles sont responsables aussi de la gestion des matières résiduelles (les déchets) et du développement local, par l’entremise du CLD (Centre local de développement).
On peut voir dans cette petite description de nos instances locales qu’il peut y avoir confusion quant aux rôles que peuvent jouer chacune d’elles. Par exemple, en matière d’aménagement du territoire, les deux entités ont des pouvoirs. Même chose du côté du développement économique. Qui prend les décisions à la MRC ? Le conseil qui est composé des maires des municipalités membres de la MRC. Il peut y avoir aussi des conseillers municipaux de ces municipalités. Voici comment le MAMR présente le rôle que doit jouer la MRC :
«Sans amoindrir l’autorité de la municipalité locale sur son territoire, certaines questions de compétence locale commandent la concertation entre des municipalités dont les territoires sont voisins; elles exigent une planification, une coordination et un partage du financement à l’échelle régionale ou métropolitaine.»
Concertation, planification, coordination, partage. Avec de la bonne volonté, c’est possible. Le site d’enfouissement des déchets pour les MRC Avignon et Bonaventure, ça vous dit quelque chose ?
lundi 22 janvier 2007
Mission et enjeux
J’écoutais cet après-midi (sur le portail de Québec municipal - http://www.inforoutemunicipale.qc.ca) les débats qui ont eu lieu lors du dernier congrès de la Fédération Québécoise des Municipalités (FQM - qui représente les MRC). Il était question entre autre de l’avenir des MRC et de décentralisation. J’ai retenu la conclusion de Bernard Généreux, président de la FQM, qui disait, en parlant des MRC comme territoire d’appartenance, que les enjeux locaux ont besoin d’être partagés par un ensemble plus grand.
Je pense qu’il est là le cœur du problème : le partage. En Gaspésie, on a de très petites municipalités qui côtoient des petites municipalités (moins de 5000 habitants). Les enjeux sont les mêmes pour tous : offrir des services de base aux citoyens et voir au développement socio-économique de leur communauté. Avec plus de services, on peut attirer de nouveaux résidents qui apporteront de nouveaux revenus à la municipalités qui pourra offrir plus de services et se doter d’outils pour attirer des entreprises ou des commerces qui amèneront plus de revenus etc. Or, pour développer, ça prend des moyens. Et, comme je l’ai écrit auparavant, les petites municipalités n’en ont pas (de moyens). Pour ce qui est de la volonté de nos élus de développer leur communauté, elle n’est pas toujours présente parce la très grande majorité de nos élus sont à temps partiel et ne sont que symboliquement rémunérés. Et certains de ces élus considèrent leur fonction, à tort ou à raison, comme un passe-temps. Peut-on leur demander de s’impliquer davantage ?
Ce qu’il faut, si on veut avoir des résultats concrets en matière de développement, c’est de créer des conditions pour que nos élus puissent se dévouer à leur tâche à temps plein. Ce sont eux qui sont nos représentants; ce sont eux que nous avons choisis; ce sont eux qui peuvent “changer les choses”; qui ont le pouvoir de décision.
Quelles sont ces conditions ?
Je pense qu’il est là le cœur du problème : le partage. En Gaspésie, on a de très petites municipalités qui côtoient des petites municipalités (moins de 5000 habitants). Les enjeux sont les mêmes pour tous : offrir des services de base aux citoyens et voir au développement socio-économique de leur communauté. Avec plus de services, on peut attirer de nouveaux résidents qui apporteront de nouveaux revenus à la municipalités qui pourra offrir plus de services et se doter d’outils pour attirer des entreprises ou des commerces qui amèneront plus de revenus etc. Or, pour développer, ça prend des moyens. Et, comme je l’ai écrit auparavant, les petites municipalités n’en ont pas (de moyens). Pour ce qui est de la volonté de nos élus de développer leur communauté, elle n’est pas toujours présente parce la très grande majorité de nos élus sont à temps partiel et ne sont que symboliquement rémunérés. Et certains de ces élus considèrent leur fonction, à tort ou à raison, comme un passe-temps. Peut-on leur demander de s’impliquer davantage ?
Ce qu’il faut, si on veut avoir des résultats concrets en matière de développement, c’est de créer des conditions pour que nos élus puissent se dévouer à leur tâche à temps plein. Ce sont eux qui sont nos représentants; ce sont eux que nous avons choisis; ce sont eux qui peuvent “changer les choses”; qui ont le pouvoir de décision.
Quelles sont ces conditions ?
dimanche 21 janvier 2007
Décentralisation (suite 2)
On doit cesser de regarder le train passer. En matière de décentralisation, sommes-nous en train de manquer une (autre) bonne occasion ?
C’est clair, le présent gouvernement à Québec privilégie l’autonomie des régions. Ses documents «Faire confiance aux régions» et «Devenir maître de son développement : La force des régions (2003)» révèlent les intentions du Parti libéral de confier aux régions la responsabilité de leur développement.
D’ailleurs, dans l’introduction d’un autre document, publié en 2004 (Repenser les relations avec les municipalités), il fait part de ses intentions :
«Depuis le printemps 2003, le gouvernement du Québec a clairement manifesté son intention de repenser ses relations avec les municipalités, dans la perspective de renforcer les communautés locales, qui constituent l’instance de décision la plus rapprochée des citoyens et des citoyennes (p. 1).»
L’examen des relations entre le gouvernement et les municipalités montre une centralisation marquée des responsabilités en matière de services à la population au sein du gouvernement. Selon le document, cette situation entraînerait certains inconvénients. En effet, lors de la tournée des forums régionaux, beaucoup de citoyens ont fait part de leur mécontentement face à la lourdeur administrative, à l’uniformité excessive des services et à leur inadaptation face aux besoins locaux et régionaux. Les citoyens ont aussi noté que cette centralisation des responsabilités dans les mains du gouvernement central entraînait une déresponsabilisation des décideurs locaux dans le développement de leur milieu (idem p. 23). Traduction : lorsqu’il y a un problème, les décideurs locaux demandent au gouvernement central de trouver une solution. C’est notre premier réflexe, surtout en région. On a pas encore pris l’habitude d’essayer de trouver des solutions par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
La mise en place les Conférences régionales des élus (CRÉ), pour remplacer les CRD, visait à redonner le pouvoir aux élus locaux. Suite à ce changement de garde, le gouvernement du Québec demandait aux CRÉ de déterminer les pouvoirs qu’elles voulaient voir décentraliser. C’est la première fois en quarante ans qu’un gouvernement central démontrait une volonté claire de décentraliser des pouvoirs (et les moyens qui vont avec) vers les régions. Des rencontres entre les CRÉ et les CAR (Conférence administrative régionale qui regroupe les directions des ministères dans chaque région) ont eu lieu dans plusieurs régions et certaines ont fait des demandes auprès du gouvernement. Par contre, certaines régions se font encore attendre. À ma connaissance, c’est le cas de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Pourquoi ? Certaines régions ont même demandé au gouvernement de leur dire quels pouvoirs il voulait décentraliser. M. Charest a parlé d’une absence de volonté de la part de certaines régions. À leur défense, il faut dire que les régions ont été habituées, par le passé, à une approche plus centralisatrice (certains diront plus paternaliste) de la part du gouvernement central.
Il y aurait encore beaucoup à dire (ou écrire) sur la situation de nos régions. Mais ce ne serait pas très constructif. J’ai déjà dit ou écrit à plusieurs reprises qu’il y avait beaucoup de possibilités et de solutions aux problèmes de développement que connaissent nos régions. C’est donc sur ce thème que je poursuivrai mon blogue : Des régions à développer; manuel d’instructions. Je parcourrai aussi le monde pour faire part de ce qui se fait en matière de développement régional; ici et ailleurs.
C’est clair, le présent gouvernement à Québec privilégie l’autonomie des régions. Ses documents «Faire confiance aux régions» et «Devenir maître de son développement : La force des régions (2003)» révèlent les intentions du Parti libéral de confier aux régions la responsabilité de leur développement.
D’ailleurs, dans l’introduction d’un autre document, publié en 2004 (Repenser les relations avec les municipalités), il fait part de ses intentions :
«Depuis le printemps 2003, le gouvernement du Québec a clairement manifesté son intention de repenser ses relations avec les municipalités, dans la perspective de renforcer les communautés locales, qui constituent l’instance de décision la plus rapprochée des citoyens et des citoyennes (p. 1).»
L’examen des relations entre le gouvernement et les municipalités montre une centralisation marquée des responsabilités en matière de services à la population au sein du gouvernement. Selon le document, cette situation entraînerait certains inconvénients. En effet, lors de la tournée des forums régionaux, beaucoup de citoyens ont fait part de leur mécontentement face à la lourdeur administrative, à l’uniformité excessive des services et à leur inadaptation face aux besoins locaux et régionaux. Les citoyens ont aussi noté que cette centralisation des responsabilités dans les mains du gouvernement central entraînait une déresponsabilisation des décideurs locaux dans le développement de leur milieu (idem p. 23). Traduction : lorsqu’il y a un problème, les décideurs locaux demandent au gouvernement central de trouver une solution. C’est notre premier réflexe, surtout en région. On a pas encore pris l’habitude d’essayer de trouver des solutions par nous-mêmes et pour nous-mêmes.
La mise en place les Conférences régionales des élus (CRÉ), pour remplacer les CRD, visait à redonner le pouvoir aux élus locaux. Suite à ce changement de garde, le gouvernement du Québec demandait aux CRÉ de déterminer les pouvoirs qu’elles voulaient voir décentraliser. C’est la première fois en quarante ans qu’un gouvernement central démontrait une volonté claire de décentraliser des pouvoirs (et les moyens qui vont avec) vers les régions. Des rencontres entre les CRÉ et les CAR (Conférence administrative régionale qui regroupe les directions des ministères dans chaque région) ont eu lieu dans plusieurs régions et certaines ont fait des demandes auprès du gouvernement. Par contre, certaines régions se font encore attendre. À ma connaissance, c’est le cas de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Pourquoi ? Certaines régions ont même demandé au gouvernement de leur dire quels pouvoirs il voulait décentraliser. M. Charest a parlé d’une absence de volonté de la part de certaines régions. À leur défense, il faut dire que les régions ont été habituées, par le passé, à une approche plus centralisatrice (certains diront plus paternaliste) de la part du gouvernement central.
Il y aurait encore beaucoup à dire (ou écrire) sur la situation de nos régions. Mais ce ne serait pas très constructif. J’ai déjà dit ou écrit à plusieurs reprises qu’il y avait beaucoup de possibilités et de solutions aux problèmes de développement que connaissent nos régions. C’est donc sur ce thème que je poursuivrai mon blogue : Des régions à développer; manuel d’instructions. Je parcourrai aussi le monde pour faire part de ce qui se fait en matière de développement régional; ici et ailleurs.
jeudi 11 janvier 2007
Nos municipalités: un frein à notre développement économique? (suite)
En voici deux exemples.
La Ville de Carleton-sur-mer projette de diminuer l’aide financière ou le support qu’elle apportait aux différents événements culturels qu’elle accueille. Beaucoup ont reproché au conseil municipal, et particulièrement au maire, ce désengagement. Le support d’une municipalité à des événements culturels et artistiques est d’abord une question de choix (question politique) puis une question de moyens. Faut-il le rappeler, Carleton-sur-mer est une ville de petite taille (3993 habitants). La Ville de Montréal, qui compte plus de 1,6 million d’habitants, donne environ 100 000 $ par année en subvention au Festival International de Jazz de Montréal (FIJM). Et c’est sans compter les subventions qu’elle verse aux autres événements culturels qu’elle accueille. La ville de Montréal verse donc en subvention environ 0.05 $ par citoyens pour le festival de Jazz. En suivant cette règle, le Maximum Blues ne devrait attendre de la Ville de Carleton-sur-mer qu’une aide de moins de 200 $ par année. C’est beaucoup moins que ce que versera la Ville de Carleton-sur-mer pour la prochaine année, même avec la diminution projetée.
Dans le dossier éolien, on reproche beaucoup aux municipalités de ne pas négocier de bonnes ententes avec les promoteurs. On reproche même à certains maires de jouer sur deux tableaux en accueillant sur leurs propres terres des éoliennes qui leur rapportera une redevance. Dans un reportage paru au Télé-Journal Est du Québec de Radio-Canada il y a quelques semaines, un des maires interrogés sur le sujet répondait à la journaliste qu’il gagnait, comme maire de sa municipalité, environ 3000 $ par année (la rémunération totale des élus de la municipalité de Rivière-à-Claude était de 12 780 $ en 2005). La plupart des municipalités de la région n’ont tout simplement pas les moyens de se payer les services de consultants pour négocier à force égale avec les promoteurs. Et ceux qui voudraient que le gouvernement du Québec encadre le développement de cette industrie, c’est comme s'ils demandaient que les règles du jeux soient encore fixées par des intervenants de l’extérieur; comme si nous n’avions pas la capacité ou l’intelligence de fixer nos propres règles et de prendre en charge notre propre développement.
Je le répète, il faudra une réforme de nos instances locales si nous voulons qu’elles jouent un plus grand rôle dans le développement de notre région.
La Ville de Carleton-sur-mer projette de diminuer l’aide financière ou le support qu’elle apportait aux différents événements culturels qu’elle accueille. Beaucoup ont reproché au conseil municipal, et particulièrement au maire, ce désengagement. Le support d’une municipalité à des événements culturels et artistiques est d’abord une question de choix (question politique) puis une question de moyens. Faut-il le rappeler, Carleton-sur-mer est une ville de petite taille (3993 habitants). La Ville de Montréal, qui compte plus de 1,6 million d’habitants, donne environ 100 000 $ par année en subvention au Festival International de Jazz de Montréal (FIJM). Et c’est sans compter les subventions qu’elle verse aux autres événements culturels qu’elle accueille. La ville de Montréal verse donc en subvention environ 0.05 $ par citoyens pour le festival de Jazz. En suivant cette règle, le Maximum Blues ne devrait attendre de la Ville de Carleton-sur-mer qu’une aide de moins de 200 $ par année. C’est beaucoup moins que ce que versera la Ville de Carleton-sur-mer pour la prochaine année, même avec la diminution projetée.
Dans le dossier éolien, on reproche beaucoup aux municipalités de ne pas négocier de bonnes ententes avec les promoteurs. On reproche même à certains maires de jouer sur deux tableaux en accueillant sur leurs propres terres des éoliennes qui leur rapportera une redevance. Dans un reportage paru au Télé-Journal Est du Québec de Radio-Canada il y a quelques semaines, un des maires interrogés sur le sujet répondait à la journaliste qu’il gagnait, comme maire de sa municipalité, environ 3000 $ par année (la rémunération totale des élus de la municipalité de Rivière-à-Claude était de 12 780 $ en 2005). La plupart des municipalités de la région n’ont tout simplement pas les moyens de se payer les services de consultants pour négocier à force égale avec les promoteurs. Et ceux qui voudraient que le gouvernement du Québec encadre le développement de cette industrie, c’est comme s'ils demandaient que les règles du jeux soient encore fixées par des intervenants de l’extérieur; comme si nous n’avions pas la capacité ou l’intelligence de fixer nos propres règles et de prendre en charge notre propre développement.
Je le répète, il faudra une réforme de nos instances locales si nous voulons qu’elles jouent un plus grand rôle dans le développement de notre région.
lundi 8 janvier 2007
Questionnement
Politologue de formation, je m’intéresse particulièrement aux rapports qu’il peut y avoir entre la gouvernance territoriale et le développement régional. Mes observations m’ont amené à constater que la problématique touchant le développement des régions est d'abord une question de gouvernance, c’est-à-dire une question d'organisation du territoire.
Le Québec compte 1 117 municipalités. 484 municipalités ont moins de 1 000 habitants (43 %); 256 ont entre 1000 et 1999 habitants et 212 ont entre 2000 et 4999 habitants; c’est à dire que plus de 85 % (952 municipalités) des municipalités au Québec comptent moins de 5000 habitants. On peut se demander si ces instances locales sont en mesure de prendre en charge le développement socioéconomique de leur communauté respectives.
Le développement local ou régional demande à la fois un exercice de planification pour déterminer les orientations à prendre et un exercice de coordination pour mettre en place les moyens nécessaires à sa réalisation. Mais qui doit prendre les décisions; à qui doit revenir la responsabilité du développement socioéconomique d’une région? Et qui doit gérer le développement, le coordonner? La responsabilité du développement des régions doit-elle demeurer une prérogative du gouvernement central ou doit-elle être prise en charge par les régions elles-mêmes? Et si on choisi les régions; à quel palier régional doit-on confier la responsabilité du développement:: à la municipalité, à la MRC ou à la région elle-même? Doit-on réformer les instances locales afin qu’elles puissent prendre en charge de nouvelles responsabilités?
Et quelles sont les conditions pour qu’une région soit considérée comme ayant atteint un niveau de développement optimum. Faut-il que la population d’une région ait un niveau de services comparable à celle des grands centres urbains? Faut-il que les instances locales soient en mesure de se doter d’équipements, d’infrastructures et de services leur permettant d’attirer des entreprises à venir s’installer chez elles?
Ce blogue sur la politique régional traitera des questions de développement régional, de gouvernance (régionalisation, décentralisation, déconcentration, etc.), d’occupation du territoire ainsi que de développement économique et d’environnement; ces deux derniers thèmes devraient être réunis dans un seul qu’on appelle développement durable.
Le Québec compte 1 117 municipalités. 484 municipalités ont moins de 1 000 habitants (43 %); 256 ont entre 1000 et 1999 habitants et 212 ont entre 2000 et 4999 habitants; c’est à dire que plus de 85 % (952 municipalités) des municipalités au Québec comptent moins de 5000 habitants. On peut se demander si ces instances locales sont en mesure de prendre en charge le développement socioéconomique de leur communauté respectives.
Le développement local ou régional demande à la fois un exercice de planification pour déterminer les orientations à prendre et un exercice de coordination pour mettre en place les moyens nécessaires à sa réalisation. Mais qui doit prendre les décisions; à qui doit revenir la responsabilité du développement socioéconomique d’une région? Et qui doit gérer le développement, le coordonner? La responsabilité du développement des régions doit-elle demeurer une prérogative du gouvernement central ou doit-elle être prise en charge par les régions elles-mêmes? Et si on choisi les régions; à quel palier régional doit-on confier la responsabilité du développement:: à la municipalité, à la MRC ou à la région elle-même? Doit-on réformer les instances locales afin qu’elles puissent prendre en charge de nouvelles responsabilités?
Et quelles sont les conditions pour qu’une région soit considérée comme ayant atteint un niveau de développement optimum. Faut-il que la population d’une région ait un niveau de services comparable à celle des grands centres urbains? Faut-il que les instances locales soient en mesure de se doter d’équipements, d’infrastructures et de services leur permettant d’attirer des entreprises à venir s’installer chez elles?
Ce blogue sur la politique régional traitera des questions de développement régional, de gouvernance (régionalisation, décentralisation, déconcentration, etc.), d’occupation du territoire ainsi que de développement économique et d’environnement; ces deux derniers thèmes devraient être réunis dans un seul qu’on appelle développement durable.
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