mercredi 28 février 2007

«Les responsabilités perdues»

En cette période électorale où tout le monde y va de ses demandes auprès des partis qui se font la lutte, il est intéressant de faire un retour en arrière. C’est fou ce qu’on peut demander à un gouvernement sans même se poser la question si la demande que l’on fait aujourd’hui est cohérente avec celle que l’on a fait hier. On accuse les gouvernements de ne rien faire et d’être responsable de tout ce qui ne fonctionne pas; comme si c’était le gouvernement seul qui était responsable de tout et comme si nous, citoyens, syndicats ou groupes d’intérêts, etc., nous étions responsable de rien! Comme si nous avions perdu, comme individu ou collectivité, nos responsabilités.

Dans le document «Projet de Livre blanc sur la décentralisation» du 12 décembre 1977 (qui, je le rappelle n’a jamais été rendu public), on fait état de ces “responsabilités perdues” (un constat qui malheureusement est encore beaucoup actuel); mais qui, toujours selon le document, serait du en grande partie au “mal bureaucratique”. Retour en arrière:

«- il existe au Québec “une sorte de mal bureaucratique” largement répandu dans l’administration gouvernementale, dans les réseaux de l’éducation et des affaires sociales, les municipalités, les appareils syndicaux et patronaux;
- il y a une autre attitude assez généralisée chez beaucoup de citoyens qui ne savent plus qui est responsable de quoi, eux-mêmes se sentant plus ou moins responsables de rien; c’est ce qu’on pourraient appeler “les responsabilités perdues”...

Comment se manifestent ces deux sortes de maux?

1. Le mal bureaucratique:
Il est constant, il est de toutes les organisations. Il se manifeste sous plusieurs formes et, plus particulièrement par:
une difficulté de plus en plus grande pour les citoyens d’avoir accès aux décisions;
une inadaptation croissante des décisions prises par rapport aux besoins vécus localement e quotidiennement;
une segmentation et un cloisonnement des secteurs d’activités et des organisations;
une tendance à gérer les choses à partir de critères, de normes, de contrôle à priori, de vérification, de permis de toute nature et de tous les secteurs d’activités.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 24 et 25.

2. Les responsabilités perdues:
Il s’agit d’une sorte de dérobade systématique à l’égard des responsabilités. Il y a toujours quelqu’un d’autre susceptible d’être responsable: c’est la faute du Gouvernement, du ministère, du syndicat, de la commission scolaire, de la municipalité, etc.
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 30.

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