jeudi 1 mars 2007

La réforme de l’éducation (bilan de 1977).

Je poursuis la présentation du Projet de Livre blanc sur la décentralisation de décembre 1977. Avant de procéder à une réforme, il peut être intéressant de faire le bilan des réformes précédentes. C’est ce que est présenté au chapitre 1 de la première partie du document, le «contexte général des réformes gouvernementales depuis 1970». Aujourd’hui, un bilan de la réforme en éducation, en 1977. Retour en arrière:

«”Il n’y aura pas de ministère de l’Éducation” disait, il y a quelques années, un homme politique célèbre. Il y a aujourd’hui un ministère de l’Éducation et un système scolaire qui ont pris des proportions telles que d’aucuns n’hésitent pas à le qualifier de “monstrueux”.

Rappelons, sommairement les principaux éléments de la réforme.

Les raisons de la réforme.
Au début des années ‘50, l’éducation au Québec relevait traditionnellement de l’unité familiale. Pour les catholiques, l’Église et la famille partageaient les principales responsabilités conjointement avec les institutions publiques ou privées d’éducation, sans beaucoup impliquer le Gouvernement. Au delà de l’école primaire, l’éducation demeurait davantage un privilège plutôt qu’un service public accessible à tous. Cette perception élitiste de l’éducation impliquait que l’éducation ne pouvait participer au projet collectif de développement de l’activité économique, sociale et culturelle. Cette non-reconnaissance de l’éducation n’incitait guère à définir l’État comme premier responsable du développement du système scolaire.

Au cours de la décennie 1950-1960, de nombreux facteurs, tels l’explosion des effectifs scolaires, l’industrialisation, l’urbanisation, une prise de conscience plus nette des classes sociales, etc. , ont contribué à mettre en évidence les principaux problèmes auxquels se butait le système scolaire. Administré par 8 ministères différents et par plus de 1 700 commissions scolaires, le système d’éducation manquait manifestement de cohérence tant au plan de l’administration qu’au plan des programmes d’enseignement, favorisant ainsi la dispersion et l’éparpillement des services. À ce morcellement et à ce cloisonnement des administrations scolaires s’ajoutait le problème d’inaccessibilité de l’éducation. L’absence d’un enseignement secondaire public complet dans la plupart des commissions scolaires rurales et l’appropriation presque exclusive de l’enseignement de l’enseignement secondaire par des établissements privés de capacité restreinte et de caractère sélectif maintenaient un niveau de scolarisation extrêmement bas de l’ensemble de la population. Enfin, le faible rendement des assiettes fiscales foncières locales, la non-reconnaissance, au plan budgétaire, de l’éducation comme service public et l’implication restreinte et souvent discriminatoire du Gouvernement dans l’octroi des budgets requis par la demande croissante de scolarisation faisaient en sorte que l’éducation jouissait de ressources financières nettement insuffisantes provoquant ainsi l’inégalité des services selon les régions et les individus.»

- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 6 et 7.

À suivre...

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