mercredi 7 mars 2007

Normalisation, centralisation et désorientation.

Deuxième problème rencontré par la réforme de l'éducation des années 1960: «la normalisation poussée en matière de revenus, de dépenses, d’activités éducatives, de gestion des ressources matérielles, laisse peu de place aux décisions locales».

«Dans l’esprit de la réforme, la normalisation des équipements, de l’impôt foncier etc., visait essentiellement la péréquation et la parité des services selon le principe de la justice distributive. Vue centralement, cette mesure administrative ne se voulait pas centralisatrice, car la perte de l’impôt foncier normalisé était compensée par les subventions d’équilibre budgétaire. Vue localement, la normalisation fut perçue comme une centralisation, car elle entraînait une diminution de l’autofinancement des instances décentralisées. L’établissement de normes communes provinciales risque souvent d’entraîner une inadéquation entre les ressources disponibles et les besoins réels d’un milieu donné. La normalisation, tout en étant neutre par définition, a permis au palier central de fixer des valeurs qui ont été imposées à toutes les commissions scolaires, conduisant ainsi à:
- une mauvaise adaptation des services aux besoins locaux;
- un désintéressement des citoyens des organismes locaux d’éducation;
- l’absence d’incitation pour les commissions scolaires à utiliser rationnellement leurs ressources financières et matérielles;
- une baisse de motivation et de dynamisme des agents locaux d’éducation.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, p. 10.

Une autre problématique constatée dans le document est le fait que «la centralisation des conventions collectives rend difficile l’adaptation des ressources humaines aux réalités du milieu.» Voici le constat fait en 1977:

«La centralisation des conventions collectives, au plan provincial, a limité la décentralisation du système d’éducation. La normalisation des conditions de travail pour l’ensemble du personnel des commissions scolaires n’incite pas ces dernières à utiliser rationnellement leurs ressources humaines en fonction de leurs besoins propres et à les adapter aux réalités quotidiennes. Cependant, la normalisation des conventions collectives (plus de 70% du budget des commissions scolaires est consacré aux salaires), ne peut être imputé essentiellement à la réforme scolaire; car cette normalisation est davantage le résultat des politiques de relations de travail entre le Gouvernement et ses employés.»

Autre problématique, «l’insuffisance d’orientations en terme d’objectifs de formation».

«On l’a trop souvent répété: la réforme du système d’éducation fut principalement axée sur les équipements, les structures et le financement scolaire. Pour plusieurs, la véritable réforme pédagogique, c’est-à-dire celle touchant les contenus de formation et les méthodes d’enseignement, reste encore à faire. Même s’il fallait, au début de la réforme, parer au plus urgent, cette quasi et trop longue absence de préoccupations concernant les orientations et les objectifs de formation ont conduit à:
- une insatisfaction vis-à-vis des programmes;
- l’impossibilité d’évaluer la qualité des apprentissages malgré les nombreux instruments de gestion et de contrôle pédagogique imposés par le ministère;
- la confusion vis-à-vis l’implantation de nouvelles méthodes pédagogiques.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 11 et 12.

Insatisfaction vis-à-vis des programmes; impossibilité d’évaluer la qualité des apprentissages et confusion vis-à-vis l’implantation de nouvelles méthodes pédagogiques. On pourrait prendre ce constat fait il y a près de 30 ans et le copier/coller dans un document d’aujourd’hui sans être accusé de plagiat. Il y a beaucoup de critique vis-à-vis des nouveaux programmes au primaire et au secondaire; il est très difficile d’en évaluer les résultats en raison du manque d’analyse ou d’objectivité des critiques. Enfin, il est toujours difficile d’implanter de nouvelles méthodes pédagogiques car il existe toujours des éléments qui ont comme principale stratégie d’action la résistance au changement.

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