mercredi 9 mai 2007

Séparer le politique de l’administratif.

Pourquoi, lorsque des élus locaux siègent sur un organisme régional, il est si difficile pour eux de faire consensus? Parce qu’ils ne se font pas confiance. Et pourquoi ne se font-ils pas confiance? Parce qu’ils ont tous comme premier mandat de défendre les intérêts de leur localité et non ceux de la région. Doit-on les blâmer pour cela? NON. C’est pour cela qu’ils ont été élus. Pourtant, ils auraient intérêt à coopérer ensemble. Et ils le savent. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux voudraient avoir des organismes régionaux plus efficaces et plus souples qui pourraient faire avancer des dossiers régionaux tout en respectant les réalités de chacune des localités. Mais ils ne sont pas prêts à aller jusqu’à la création de gouvernements régionaux. Pourquoi? La principale crainte est de voir leurs spécificités locales englouties dans des “normes” régionales. Et cette crainte est légitime.

Est-il possible alors d’avoir des organismes régionaux qui soient à la fois efficaces et qui respectent les spécificités locales? La réponse est OUI. Il faut séparer le politique de l’administratif. Mais comment?

D’abord, faire la distinction entre le politique et l’administratif. Le politique concerne plus la décision, l’orientation et le choix. L’administration concerne plutôt la planification, la gestion et la mise en application de ces choix et orientations.

Ensuite, créer un organisme bicéphale; à deux têtes: une tête politique et une tête administrative. La tête politique serait l’assemblée des élus. Son mandat, déterminer les compétences de l’organisme, son financement et son fonctionnement (structure, ressources humaines, etc.). C’est elle qui choisirait les membres du conseil (tête administrative). Un fois la tâche remplie, l’assemblée se réunirait de 3 à 4 fois par année pour suivre l’évolution des dossiers, déterminer de nouvelles compétences à remettre au Conseil, élaborer de nouvelles orientations, etc.

La tête administrative serait le conseil d’administration et aurait pour mandat de gérer l’organisme régional. Composé d’un nombre restreint d’administrateurs, dont un président-directeur-général, le conseil serait responsable de la gestion quotidienne de l’organisme. Le conseil pourrait comporter autant de directions qu’il y a de secteurs à gérer. Le conseil devrait faire adopter son budget par l’assemblée des élus à laquelle il serait redevable. Il devrait aussi y déposer, à chaque fin d’année financière, un rapport annuel. Fait important, le conseil serait au service de la région (ou de l’agglomération) dans son ensemble.

Ce type d’organisme régional n’existe pas, à ma connaissance, chez nous au Québec. L’avantage de ce genre d’organisme est de permettre aux élus locaux d’avoir une emprise directe sur les “affaires régionales” sans avoir à se préoccuper si leurs intérêts locaux sont pris en compte. Le conseil administratif, avec des règles du jeu (règles d’engagement) très claires, serait garant de l’objectivité territoriale, c’est-à-dire qu’il viserait au développement de l’ensemble du territoire, tout en tenant compte des spécificités locales (incluses dans les règles de fonctionnement). C’est le conseil qui aurait comme mandat de voir aux intérêts de tout le territoire.

Il ne faut pas avoir peur d’innover.

1 commentaire:

Benoit Lapierre - Consultant a dit...

Un billet intéressant pour comprendre l'important d'une décentralisation des pouvoirs.