lundi 2 avril 2007

Décentralisation: une question de taille

«Taille et capacité suffisantes:
La capacité technique, administrative, financière et même politique d’un gouvernement local est liée à son poids démographique. La dimension du territoire tombant sous la juridiction des organismes envisagés devrait être telle qu’elle permette, en y regroupant une population suffisante, l’intégration et la coordination du plus grand nombre possible de services ainsi que l’utilisation optimum des équipements. Le territoire et la population se présentent comme deux variables intimement liées. Ils conditionnent les marges de manœuvres et l’évantail des choix possibles en matières de services ainsi que la dimension des équipements.

Il s’agit donc de conjuguer la variable “territoire” (c’est-à-dire sa dimension et les distances) avec la variable “population” (sa densité et son volume). La répartition géographique du peuplement au Québec, la variation des densités de population et l’immensité du territoire constitue en soi un problème. Le but visé est d’obtenir une population suffisante sur une unité territoriale dont les dimensions restent acceptables. Sans être optimum pour l’exercice de toutes et chacune des fonctions, l’unité territoriale adoptée doit pouvoir constituer un dénominateur commun qui permette de maximiser les avantages et de minimiser les contraintes pour l’exercice d’un ensemble donné de fonctions.

Le problèmes n’est pas simple. Si on fait abstraction, par exemple, de la contrainte des distances à parcourir, pour ne considérer que le facteur des clientèles, on doit tenir compte du fait: (a) qu’un CLSC, pour être efficace et rentable, requiert un bassin de population de 6000 à 36 000 habitants et (b) qu’une Commission scolaire régionale doit desservir entre 2700 et 5500 élèves de niveau élémentaire dans les zones rurales et entre 5000 et 10 500 élèves de niveau élémentaire dans les zones urbaines. La réconciliation de tels critères n’est pas toujours simple.

D’une façon générale, et en termes plus opérationnels, ce principe peut se traduire de la façon suivante: les comtés devraient regrouper au moins 10 000 habitants; la superficie des unités territoriales ne devrait pas excéder 1000 milles (1600 km) carrés; la longueur maximum ne devrait pas dépasser 60 milles (96 km).

Limites politico-administratives existantes.
Étant donné les problèmes qu’auraient suscités une modification inconsidérée de toutes les délimitations territoriales ayant cours actuellement, on a tenté, en considérant celles-ci comme des contraintes, d’en réduire le remaniement au minimum. On comprendra cependant que le statu quo n’était pas possible dans tous les cas. Il a fallu procéder par arbitrages et recourir à des compromis.

Ainsi, on peut dire que les limites politico-administratives suivantes ont été prises en compte, par ordre décroissant d’importance et de rigidité: limites municipales; limites des commissions scolaires; limites des centres locaux de services communautaires; limites des comtés municipaux; limites des unités opérationnelles des ministères des ressources.

Facteurs géographiques.
Dans certains cas, divers facteurs géographiques ont aussi été considérés comme contraintes, par exemple: la topographie, l’orientation du réseau routier, les distances, l’insalubrité, etc.

Il n’a certes pas été possible de tenir compte d’une façon très stricte de tous les critères à la fois; le découpage proposé apparaît plutôt comme le résultat d’une synthèse entre les différents critères. Pour quelques cas d’exception, on a pu respecter un ou l’autre ou quelques uns des critères.»
- «Livre blanc sur la décentralisation» (PROJET), 12 décembre 1977, pp. 67 à 69

La Loi sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme qui mena à la création des MRC fut adoptée, si je me rappelle bien, en 1979; soit deux ans après la rédaction de ce projet de Livre blanc. Je crois bien que certains critères qui allaient permettre de découper le territoire en Comtés (au nombre de 91) ont été retenus pour la mise en place des MRC. Ce travail fastidieux allait durer plus de deux ans pour parvenir, avec les élus locaux, au découpage que l’on connaît aujourd’hui. Il y a, bien sûr, eu quelques modifications depuis.

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