jeudi 19 avril 2007

Nouveau Cabinet Charest.

Certains se montreront satisfaits de voir reconduire Mme Normandeau comme ministre des Affaires municipales et des Régions. En lui ajoutant le titre de vice première ministre, c’est vrai que ça ajoute de l’importance au dossier des régions. Certains autres reprocherons à Mme Normandeau de n’avoir pas livré “la marchandise” en terme de décentralisation. Mais de quelle “marchandise” parle-t-on?

Souvent, avec l’élection d’un nouveau gouvernement ou la nomination d’un nouveau ministre, cela peut créer, pour les acteurs intéressés, de “grandes attentes”. Malheureusement, les attentes ne sont souvent pas satisfaites. Pourquoi? Deux raisons: la culture de “l’attentisme” et l’absence d’imagination. On attend après le gouvernement pour qu’il trouve une solution à nos problèmes et, en plus, on fait preuve d’un manque total de créativité et de volonté en ne faisant même pas l’effort de préciser la nature de nos problèmes et tenter de trouver des pistes de solutions.

Un exemple, LE TRAIN. Comment expliquer qu’on retrouve deux propriétaires pour un seul tronçon ferroviaire. Un seule voie ferrée traverse la Gaspésie de Matapédia à Gaspé. On retrouve un propriétaire pour la partie entre Matapédia et Chandler et un autre propriétaire pour la partie entre Chandler et Gaspé. Présentement, le propriétaire du tronçon entre Matapédia et Chandler voudrait fermer le chemin de fer car, dit-il, il n’est plus rentable depuis la fermeture de la Smurfitt-Stone à New Richmond. Un abruti, taré et imbécile n’aurait pas réussi à trouver une idée aussi idiote que de séparer un seul tronçon ferroviaire en deux entités distinctes. Alors, comment expliquer que cela ait pu être fait? C’est simple, on a oublié de penser, de voir plus loin que le bout de son quai, on a LAISSÉ FAIRE. Et comment expliquer que le chemin de fer ne soit plus rentable suite à la fermeture de la Smurfitt-Stone? Parce que l’on a OUBLIÉ de développer ce moyen de transport. On a oublié de penser qu’avec un marché de plus de 110 millions d’habitants à proximité (la Côte Est des États-Unis), des ports de mer ouvert à l’année et un traité de Libre-échange avec nos voisins du sud, nous aurions pu un peu diversifier notre économie en profitant de nos atouts géographiques et fiscaux. Par exemple, le coût de construction et de main-d’œuvre est moins cher en Gaspésie qu’à Montréal. De plus, un container qui débarque à Gaspé aura moins de distance à parcourir pour se rendre à New York que s’il transite par Montréal (la distance entre Gaspé et New York est de 1 167 km; la distance entre Montréal et New York est de 543 km, mais le container doit franchir la distance entre Gaspé et Montréal - 782 km - ce qui fait un total de 1 325 km). De plus, c’est connu que cela prend moins de temps de débarquer un container au port de Montréal pour l’envoyer par train à New York que de l’envoyer par bateau directement à New York en raison de l’achalandage du Port de New York. Nous pourrions profiter de cette proximité avec les États-Unis (et du traité de libre-échange) pour développer un marché de transit qui permettrait de rentabiliser nos installations portuaires et ferroviaires. Le magazine L’Actualité rapportait il y a quelques mois que les chinois avaient visité les installations portuaire d'Halifax en raison de l’achalandage du Port de Vancouver qui devenait problématique et retardait de beaucoup leurs livraisons vers les États-Unis. Alors, pourquoi ne pourrions nous pas profiter nous aussi de cette occasion? Parce que c’est beaucoup plus facile de quémander, comme nous le faisons présentement, de demander aux gouvernements supérieurs de nous envoyer une bouée de sauvetage pour que nous puissions maintenir un squelettique chemin de fer. C’est trop compliqué à développer, ça demande trop d’effort car il faudrait, pour une fois, travailler ensemble, les MRC de la Côte de Gaspé, du Rocher-Percé, de Bonaventure et d’Avignon, alors que nous ne sommes même pas capable de travailler ensemble à l’intérieur d’une même MRC.

On a beaucoup reproché au Gouvernement Charest de ne pas être à l’écoute. Mais comment peut-il être à l’écoute lorsque nous n’avons rien à dire. On demande au gouvernement de trouver des solutions à nos problèmes (on demande à des fonctionnaires dans des bureaux à Québec et à Montréal de trouver des solutions pratiques à des problèmes complexes que nous vivons ici dans nos régions à plusieurs centaines de kilomètres d’eux) sans même faire l’effort d’en préciser la nature (et souvent sans vouloir connaître la nature de ces problèmes). Et, peu importe ce que le gouvernement fait ou ne fait pas, nous exprimons haut et fort notre insatisfaction.

Comme je l’ai déjà écrit sur ce blogue, les solutions aux problèmes des régions doivent venir d’abord des régions et de leurs décideurs. De plus, nous devons nous concerter pour ne pas laisser arriver des situations aussi illogiques que celle du chemin de fer en Gaspésie. Et nous devons cesser d’attendre après les gouvernements pour des solutions miracles (j’ai travaillé comme messager dans un ministère du gouvernement du Québec dans les années 1980 et je n’ai jamais vu de boule de cristal sur un bureau de fonctionnaire). Le gouvernement, c’est nous. Il est là pour nous, pour nous appuyer dans nos démarches et nous aider à mettre en œuvre nos solutions et à les appliquer. Arrêtons de chialer et agissons pour notre bien.

Ceci est un message d’intérêt public.

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